Près de 3 milliards de DH seront investis pour la mise en place du plan d'aménagement aquacole de la région de Dakhla-Oued Eddahab. Majida Maarouf, directrice de l'Agence nationale pour le développement de l'aquaculture (ANDA) revient sur les opportunités d'investissements dans le secteur aquacole. Propos recueillis par Kaoutar Khennach Pourquoi le choix de cette région et quels sont les objectifs stratégiques de ce plan ? Le plan d'aménagement aquacole de la région de Dakhla-Oued Eddahab, qui figure aujourd'hui parmi les projets ambitieux du Nouveau modèle de développement pour les provinces du sud du Royaume (NMDPS), est le premier plan du genre réalisé par l'ANDA. Pour rappel, ce plan aquacole de Dakhla Oued Eddahab a été priorisé et élaboré suite à un schéma directeur de la planification réalisé par notre Agence dès 2012. Le plan de Dakhla a été élaboré, entre 2013 et 2015, suivant les directives internationales en matière de durabilité et de bonnes pratiques et s'inscrit en cohérence avec les autres plans de développement de la région, afin de mieux organiser la coexistence de l'aquaculture avec les autres activités économiques. Il se donne pour ambition de proposer de véritables opportunités d'investissement. De par ses potentialités et ses atouts naturels, le choix de la région de Dakhla Oued Eddahab s'est imposé de lui-même. La région se caractérise, entre autres, par la présence des deux principales baies du Maroc avec une tradition halieutique confirmée pouvant contribuer rapidement au développement du secteur aquacole. A cela, s'ajoute le grand attrait que connait cette région auprès des investisseurs intéressés par l'aquaculture au vu de ses atouts environnementaux et socio-économique sans oublier pour autant que cette zone est considérée de nos jours comme l'un des principaux sites ostréicoles au Maroc. Ce plan d'aménagement aquacole constitue donc aujourd'hui une opportunité inédite permettant de faire proliférer des investissements aquacoles durables et économiquement viables, permettant à la région de se hisser parmi les plus importants centres de production aquacoles de notre continent et contribuer ainsi à l'atteinte des objectifs stratégiques du plan Halieutis. Quelles sont les opportunités d'investissement que le secteur d'aquaculture offre? Le Maroc, pays halieutique par excellence, dispose de potentialités aquacoles importantes. En effet, ce potentiel aquacole est défini par la stratégie Halieutis qui le chiffre à 200 000 tonnes à terme. Ce chiffre reflète l'importance des opportunités d'investissement de ce secteur dans notre pays qui recèle d'innombrables atouts, tant sur le plan naturel, qu'économique et social. Dans ce sens, l'ANDA a mené depuis sa création plusieurs chantiers prioritaires, dont la planification des espaces à des fins de développement de l'aquaculture qui permet de définir avec précision les opportunités d'investissement. Cette planification offre aux investisseurs intéressés des espaces favorables, en étudiant non seulement les paramètres du milieu, mais aussi la compatibilité de cette activité avec les autres activités économiques existantes et celles programmées. L'objectif, est d'intégrer le secteur dans un environnement favorable à l'implantation des projets aquacoles. L'approche de planification ainsi adoptée par notre pays, permet d'identifier le potentiel, de développer l'offre aquacole nationale et par la suite la promouvoir auprès des investisseurs aussi bien nationaux qu'étrangers et ce, à travers les appels à manifestation d'intérêt. Celui de Dakhla, n'est que le premier d'une série d'autres opérations prévues de 2016 à 2018. Les résultats préliminaires de la planification en cours, font ressortir que les opportunités d'investissement au Maroc dépassent largement les objectifs affichés par la stratégie Halieutis, ce qui représente une aubaine pour notre pays et un avenir prometteur pour ce secteur stratégique. Y-a-t-il des mesures incitatives pour encourager les investissements aquacoles ? Il est incontestable que la mise en place de mesures incitatives constituerait un levier de dynamisation de l'investissement dans ce secteur et créerait par conséquent, un attrait pour cette activité à l'instar de ce qui se pratique dans les pays qui ont adopté ces mesures pour assurer un développement rapide de leurs aquacultures. Aujourd'hui, il n'y a aucun dispositif spécifique à l'aquaculture. Néanmoins, ce secteur bénéficie de mesures appliquées à d'autres secteurs économiques notamment, les exonérations et subventions prévues par le droit commun et la charte d'investissement. Il reste entendu que pour accélérer la cadence de l'investissement, l'adoption de mesures incitatives spécifiques à ce secteur capitalistique sera une action bénéfique. Quels sont les principaux défis et les obstacles que rencontrent les acteurs de ce secteur ? Les obstacles rencontrés par les aquaculteurs de manière générale, ne sont pas propres au contexte de notre pays. Ce secteur est confronté en premier lieu à la rareté des espaces disponibles et favorables à l'aquaculture, ajouté à cela la faible disponibilité du foncier et le renchérissement de son prix. La réponse à cette problématique majeure trouve dans notre pays sa solution dans les plans d'aménagement aquacoles en cours de réalisation par l'ANDA. Sur le plan économique, la forte concurrence sur les marchés potentiels exercés par les grands pays producteurs qui disposent déjà de la maîtrise du métier, est aussi un défi à relever par les producteurs nationaux à travers l'innovation et la prospection, en vue d'élargir l'éventail des marchés à cibler et la gamme des produits à commercialiser. Par ailleurs, l'ANDA dispose d'un plan d'action global permettant de travailler sur l'ensemble des leviers nécessaires au décollage du secteur aquacole national par l'implication de l‘ensemble des acteurs nationaux, afin de hisser ainsi notre pays au rang des grands producteurs aquacoles. Prévoyez-vous des plans d'aménagement aquacole pour d'autres régions? Nous élaborons actuellement, quatre autres plans d'aménagement, dont ceux de la méditerranée et de la région d'Agadir qui seront lancés également par appel à manifestation d'intérêt dès 2016. Les deux autres plans en cours d'études seront finalisés en 2017 et concernent les zones s'étendant de Guelmim à Boujdour et d'El Jadida à Essaouira. D'autres plans d'aménagement seront lancés en 2016, portant ainsi le nombre à 7 plans aquacoles, notamment celui de la lagune de Marchica et de la zone s'étendant de Cap Spartel à Kenitra. La finalisation de ces plans est programmée pour 2018, alors que le lancement des Appels à Manifestation y afférents est prévu pour 2019. Quelles sont les perspectives de développement de l'aquaculture au Maroc ? L'aquaculture présente un fort potentiel de croissance au Maroc et constitue un véritable levier de développement du secteur halieutique marocain. Ce secteur peut drainer un investissement important et contribuer fortement dans la création de richesse et d'opportunités d'emplois. De par la stagnation des captures au niveau de la pêche, l'aquaculture fournit actuellement un poisson sur deux consommés dans le monde et les déficits en matière de produits halieutiques à l'échelle de la planète nous ouvrent des opportunités commerciales considérables, à condition que les investisseurs nationaux et étrangers soient au rendez-vous pour les saisir et créer du business et de la richesse pour notre pays. Le Maroc est en train de se positionner au niveau régional, voire même international et l'ANDA continuera à déployer tous les moyens nécessaires et disponibles pour la réussite de ses appels à manifestation d'intérêt de l'ensemble des plans aquacoles, afin d'atteindre à terme les objectifs de notre stratégie. Enfin, j'encourage les investisseurs intéressés à présenter leurs projets d'investissement et ne pas rater cette opportunité inédite pour contribuer au développement d'un secteur d'avenir et stratégique pour la sécurité alimentaire mondiale. Son actu L'ANDA lance un appel à manifestation d'intérêt pour la mise en œuvre du plan d'aménagement aquacole de la région de Dakhla-Oued Eddahab. Le montant d'investissement prévisionnel est estimé à 2,8 milliards de DH. Son parcours Née en 1967 dans la ville de Sefrou, Majida Maarouf obtient son baccalauréat en sciences expérimentales en 1985 et intègre l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV) de Rabat et au terme de sa quatrième année, elle choisit la spécialité halieutique pour obtenir son diplôme d'ingénieur d'Etat en études halieutiques. Madame Maarouf est embauchée par une société de pisciculture continentale spécialisée dans l'élevage de carpes, en qualité de responsable de production pendant quatre ans, puis intègre en 1996 l'Institut national de recherche halieutique (INRH) à Casablanca. Elle rejoint en 1999 le ministère de la Pêche maritime au sein de la Direction des pêches maritimes et de l'aquaculture où elle a occupé à compter de 2002, le poste de chef de service de l'aménagement des pêcheries, puis en 2008 celui de chef de division de la protection des ressources halieutiques. En 2011, elle a été nommée à la tête de l'Agence nationale pour le développement de l'aquaculture (ANDA)