Trop c'est trop... dixit les étudiants en médecine qui sortent à nouveau dans la rue demain mercredi 17 septembre. Demain, mercredi 17 septembre est décrété journée de mobilisation par les étudiants en médecine. Après plusieurs sit-in et grèves, ces derniers organisent une marche nationale, du Ministère de la santé vers le Parlement. Le différend remonte au mois d'avril dernier quand le ministre de la santé, Houcine El Ouardi, a révélé que son « département travaille sur un projet de loi sur le service sanitaire obligatoire ». Il s'agit là de la goutte qui a fait déborder le vase nous explique Jaouad Faraj, le président de l'Association d'alliance des lauréats et des étudiants de médecine au Maroc, qui ne manque pas d'énumérer un chapelet de problèmes dont souffrent les étudiants en médecine. Et d'évoquer, par exemple, l'indemnité de 110 DH par mois que perçoivent les étudiants de 3ème et 4ème année, participant à offrir des soins. Cette somme n'a pas été revalorisée depuis 1972. Jaouad Faraj et ses collègues pointent du doigt également l'insuffisance des lieux de stage, à savoir les CHU, ou encore le mauvais encadrement causé par le manque de professeurs en médecine et le grand nombre d'étudiants... Mais c'est surtout le projet de loi consistant à instaurer un service sanitaire obligatoire qui a accentué la colère des étudiants. Houcine El Ouardi serait parti du constat que « le département de la Santé organise, tout au long de l'année, des concours et des épreuves pour les médecins récemment diplômés, mais qu'ils refusent d'y participer, de peur de se retrouver à la montagne ». Faux, répondent les principaux concernés. »Le service sanitaire obligatoire fait déjà partie des pratiques, car les futurs médecins exercent dans les régions reculées du royaume durant l'année de leur doctorat ». Jaouad Faraj n'y va pas de main morte. Le projet de loi proposé comporte plusieurs contradictions, nous explique t-il. Et d'ajouter que la mise en application de ce service obligatoire ne garantit pas leur travail dans le secteur public. Les étudiants accusent le ministre d'imposer un service obligatoire pour 1500 lauréats chaque année sans garantie d'embauche. Le recrutement, après concours du ministère de la santé, ne dépasse pas une centaine de médecins par an. « Mais le problème réside dans le fait qu'après ces deux ans, nous n'avons pas de visibilité. Il faut encore passer des concours, trouver un travail dans le privé ou s'inscrire dans une spécialité. Nous ne sommes pas contre le travail dans les zones enclavées et défavorisées, nous sommes contre l'obligation de travailler en milieu rural sans être embauchés au préalable par le ministère de la Santé. On ne peut pas travailler et retourner à la case chômage au bout de deux ans », martèle-t-il. Le président de l'Association d'alliance des lauréats et des étudiants de médecine au Maroc, va plus loin. Il estime qu'il s'agit « d'une décision aux dimensions politiciennes en contradiction avec l'article 24 de la Constitution, qui garantit aux citoyens marocains la liberté de circuler et de s'établir sur le territoire national ». Plus encore, cette loi, dit-il, est en désaccord avec les lois de l'Organisation internationale du Travail, dont le Maroc est membre. Ce qui irrite les étudiants également, c'est l'équivalence du doctorat en médecine avec le doctorat d'Etat. Les étudiants sont rémunérés selon l'indice 336, de la même manière qu'un étudiant détenteur d'un master. Concrètement, un médecin généraliste est payé 8600 dirhams, alors qu'un doctorant est payé selon l'indice 509 soit près de 15.000 dirhams mensuels. Les griefs sont nombreux, et les étudiants qui boycottent les cours et qui menacent d'une année blanche, ne semblent pas prêts à faire machine arrière. D'ailleurs en plus de la marche nationale prévue le 17 septembre, les médecins internes et résidents envisagent d'observer une grève le 1er octobre. Ils espèrent l'ouverture du dialogue avec le ministre du département de la santé, car, à en croire notre interlocuteur, les demandes adressées au Houcine El Ouardi sont restées vaines. Houcine El Ouardi, qui pourtant, s'est dit prêt au dialogue.