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Ces Marocains qui rentrent par la porte de l'offshoring
Publié dans Challenge le 01 - 12 - 2007

Poussées par la pression actuelle sur les prix, les SSII (sociétés de services en ingénierie informatique) françaises mettent le cap sur le Maroc. Unilog, Capgemini, GFI, mais aussi BNP Paribas, AXA, Atos Origin, Telys, SQLI... entraînent dans leur sillage des informaticiens marocains installés en France qui donnent ainsi un nouvel élan à leur parcours professionnel.
Les Marocains opérant dans les métiers de l'offshoring en France ne s'en cachent pas. C'est le moment de faire carrière dans leur pays d'origine, pour ainsi donner un nouvel élan à leur parcours professionnel. Du côté des SSII de l'Hexagone, également, il n'y a pas mieux que de s'installer dans le Royaume avec des collaborateurs ayant déjà travaillé dans la maison-mère ou tout simplement en France. Ainsi Mohammed Lakhlifi, le patron de la nouvelle entité d'Unilog à Casablanca, a-t-il passé dix-huit ans en France, au sein de la SSII. C'est donc en toute logique qu'il a été choisi pour créer la plate-forme dans la capitale économique du Royaume. «Auparavant, j'ai participé au business plan de la plate-forme de Rabat au sein du groupe», dit-il. Rappelons que si plusieurs sociétés de conseil et d'ingénierie informatique ont délocalisé leurs services au Maroc, c'est Unilog qui, en s'installant à Rabat en 2004, a ouvert la voie aux autres entreprises françaises du secteur. Sur Casablanca, la SSII française a choisi de ne pas attendre un an la livraison des locaux de Casashore. Mohamed Lakhlifi a depuis inauguré un espace tout neuf dans un autre centre d'affaires. Équipement des locaux, recrutement, construction de la nouvelle structure… Le Marocain a dû tout créer ex nihilo.
Dans cette filiale de la SSII, Mohamed Lakhlifi a aussi comme collaboratrice une ex-lauréate de l'Ecole Mohammedia des Ingénieurs (EMI), qui a poursuivi ses études en France avant de travailler près de cinq ans pour Unilog, dont deux dans la filiale allemande. Mais quand la maison-mère lui propose de rejoindre l'équipe marocaine en plein développement, elle n'hésite pas une seconde. Aujourd'hui, installée à Rabat, elle est aux commandes d'une équipe d'une dizaine de personnes, qui développent une application de facturation.
Ouvert conjointement avec Sofrecom, une filiale de France Telecom, Unilog Maroc propose principalement des prestations de maintenance des systèmes d'information, ainsi que des activités de développement simple. Le choix du Maroc est guidé par la proximité géographique, la langue commune et le niveau des ingénieurs locaux. S'ajoute à ces critères un gain de productivité, que la SSII estime de l'ordre de 20 % par rapport à ses centres régionaux.
Palabres et tergiversations
Il faut dire que les SSII sont incitées par l'offre offshoring marocaine, qui vise à faire du pays une grande destination dans le domaine. Unilog, GFI, mais aussi BNP Paribas, AXA ou Capgemini... Pour chacun de ces opérateurs qui se sont ou s'apprêtent à s'implanter, pas question de s'installer sur une surface de moins de 1.000 mètres carrés. Soit le gabarit standard d'un centre de services logeant un minimum de 150 personnes.
Après de longs mois de palabres et de tergiversations, le géant français Capgemini par exemple a loué des locaux en attendant la livraison, prévue pour janvier prochain, de la plate-forme flambant neuve de Casanearshore. L'objectif annoncé est clair : monter une équipe de 500 personnes dans les trois prochaines années. Rien à voir, bien sûr, avec les 10.000 ingénieurs de la SSII en Inde. Mais toutes proportions gardées, l'arrivée du leader français risque fort d'assécher le marché de l'emploi. C'est pourquoi d'ailleurs, il n'a pas hésité à débarquer aussi avec ces Marocains de France, même si la décision d'implantation du groupe au Maroc a été surtout motivée par l'engagement du Royaume à tout faire pour accroître la quantité d'ingénieurs disponibles dans le pays.
En attendant, les Marocains qui ont déjà un pied dans le métier en France continuent d'avoir la cote auprès des SSII de l'Hexagone. C'est le cas d'Hassan Abdellaoui, le patron de la nouvelle filiale marocaine de Telys. Avec ses 43 ans, ce Marocain a effectué toute sa carrière en France. Diplômé de la prestigieuse Ecole Centrale de Paris en 1986, Hassan Abdellaoui a d'abord travaillé dans une SSII en France, avant de se «frotter» aux secteurs des assurances et des banques. C'est en 2004 qu'il a rejoint Telys en tant que directeur associé. Mais ce dernier a toujours nourri l'ambition de revenir au Maroc, tout en ayant un pied en France. C'est ainsi qu'à partir de Telys France, il crée une offre offshore qu'il teste à travers une société marocaine. Le résultat est concluant. Hassan participe au montage d'une joint-venture locale. Depuis lors, il a recruté pas moins d'une cinquantaine de personnes.
Un parcours banalisé
Aujourd'hui, ce type de parcours se banalise, surtout depuis quelques mois. Pour créer les nouvelles structures et apprendre aux jeunes diplômés marocains les méthodes de travail si cruciales dans les centres offshore, rien de tel qu'un management composé essentiellement de Marocains chevronnés, rompus aux pratiques des SSII françaises. C'est dans ce contexte que l'essentiel du management d'Atos Origin est arrivé de France au Maroc. Mounir en fait partie. Ex-lauréat de l'Insa Lyon, c'est à travers ce réseau qu'il a intégré cette SSII française. Depuis, ce Marocain participe au développement de la filiale marocaine d'Atos Origin. Cette dernière poursuit son objectif de recruter une centaine d'ingénieurs, qu'elle compte former aux méthodes de la TMA.
Aujourd'hui, la perspective de retourner au Maroc après plusieurs années d'expérience en France en séduit plus d'un. Mais encore faudrait-il qu'ils acceptent de réviser leurs salaires à la baisse. Ce sacrifice, les Marocains opérant dans l'offshoring en France ne sont pas tous prêts à le faire, en dépit des discours officiels. Pour un des ingénieurs qui sont entrés pour intégrer la filiale marocaine de la maison-mère française, « il y a lieu de relativiser les choses ». « En France, les ingénieurs marocains subissent encore souvent des discriminations, et peinent à évoluer. Au Maroc, cette situation se transforme en tapis rouge. Ils deviennent porteurs d'une connaissance indispensable. Sans compter que, comme dans toute nouvelle activité, de nombreuses places sont à prendre très rapidement », dit-il.
Pour ce faire, les réseaux se multiplient. Dans la lignée de celui des anciens élèves des Insa, se sont créés des réseaux particulièrement opérationnels. On peut citer entre autres, l'Association Maroc Entrepreneurs, dont le Club London Finance a reçu ce 21 novembre 2007 Salaheddine Mezouar, Ministre de l'Economie et des Finances et Hassan Bernoussi, directeur des Investissements.


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