Il est clair que l'approche adoptée par Maroc Export pour l'application de la stratégie Maroc Plus ne se focalise pas sur la recherche d'un consensus. Etonnant, lorsque le dirigeant de l'organisme, Saâd Benabdellah, est rompu aux règles de la pratique diplomatique. L'exécution du plan d'action se fera sans complaisance. Ce lundi 13 juillet, l'heure n'est pas uniquement à la présentation des comptes et à celle du plan d'action. La campagne médiatique menée par la CDT quelques jours auparavant laissait présager quelques remous. Présidé par le ministre de tutelle, Abdellatif Maazouz, ministre du Commerce extérieur, le conseil d'administration de Maroc Export (Centre marocain de promotion des exportations) a examiné la stratégie élaborée par ce département en termes de réalisation par son bras exécutif, Maroc Export. D'ailleurs, pour Saâd Benabdellah, directeur général de Maroc Export, les choses sont on ne peut plus claires: « une nouvelle politique de ressources humaines, inspirée complètement de la stratégie Maroc Export Plus, et accompagnée dans sa mise en œuvre par un cabinet conseil en ressources humaines, a été mise en place depuis janvier 2009 ». Ceci dit pour le volet justificatif, et si l'on revenait à l'ambiance, c'est en bloc qu'il renie. Et puis, il met les choses à plat et donne un certain nombre d'éléments. Tout d'abord, dix-sept personnes, dont le secrétaire général, ont été promues en interne. Dans la foulée, il a été lancé une opération de départs volontaires qui a concerné vingt-cinq cadres de l'établissement. A ce sujet, M. Benabdellah ne manque pas de préciser que le centre a connu «une reconfiguration de sa structure qui s'est traduite par plus de 70% de cadres au lieu des 30% enregistrés auparavant». Et puis, si l'on insiste sur la tension sociale que prêche la section syndicale du centre, c'est sans détours qu'il ajoute : « mutualisation des efforts des acteurs de la promotion des exportations, professionnalisation des conseillers à l'export (équipe Maroc Export) et cohérence dans la démarche, c'est là la tension qu'on vit quotidiennement ! ». L'intérêt du «Fancy Food » Si le temps est au bilan, celui du « Fancy food » mérite également que l'on s'y attarde. En effet, force est de constater que l'évaluation de la participation du centre à ce genre de manifestation, qui s'est tenue à la fin du mois dernier à New York, fait tout de même des sceptiques. En clair, les exportateurs marocains présents lors de pareils événements en ont-ils réellement profité ? Quoi de plus révélateurs que les chiffres pour contrer de telles allégations. C'est ainsi que: « ce sont plus de 16 millions de DH de commandes fermes qui ont été enregistrées dans un premier temps », explique Saad Benabdellah. Et de poursuivre en exposant la répartition de ce premier constat ventilé par secteur. Quatre millions de DH ont concerné les exportateurs de sardines et d'anchois en conserves. Quant aux industriels opérant dans l'olive, les piments et les câpres en conserves, ils ont enregistré des commandes pour un montant de 12 millions de DH. De plus, une opération a également porté sur un conteneur de quarante pieds d'huile d'olive extra vierge. Pour ce qui est du choix de l'emplacement du pavillon marocain à proximité de pays considérés comme ses concurrents directs, ceux du pourtour méditerranéen, la réponse de notre interlocuteur renseigne sur l'approche : «when you go global, you act local ». Et d'ajouter qu' «au salon Fancy Food, qui est une plateforme internationale du secteur de l'agroalimentaire, le Maroc a fait le choix d'être présent aux cotés de ses concurrents méditerranéens pour se positionner comme un pays « Fast to Produce and First to Deliver », avec un produit «Tasty and Rich », en plus de la possibilité pour les exportateurs marocains de faire «un benchmark positif ». Nombreux sont ceux qui continuent à s'interroger sur l'opportunité de poser comme cible prioritaire de la stratégie nationale de l'exportation, les pays de la région Afrique Mena. Pour ces derniers, la question est simple. Ces pays sont les premiers concurrents du Maroc. A cela, M. Benadbellah réplique en rappelant que les termes de la stratégie Maroc Export Plus s'articule autour d'une classification qui comprend des marchés stratégiques, adjacents et de niche. « L'Afrique et les pays du Maghreb et du Moyen-Orient étant des partenaires naturellement stratégiques du Maroc dans différents secteurs (bancaires, télécom, services, ingénierie financière, pharmaceutique, BTP, électrique…) ». Sur les 153 millions de DH de budget annuel de Maroc Export, 70 millions de DH ont été dépensés, le reliquat est destiné aux actions à venir. Que mettre à l'actif de Saâd Benabdellah ? Tout d'abord, il tient préciser que «le bilan pourrait être satisfaisant, mais ce n'est pas une fin en soi ni pour moi ni pour mon équipe». Le décor est planté. Il considère les six mois qui le séparent de sa prise de fonction comme «une période de transition». Le programme consistait en des séances de concertation avec les associations professionnelles et la réalisation des projets lancés depuis 2008. En vingt-deux semaines, soit du mois de janvier à celui de juillet 2009, les trente-deux actions de promotion à l'international ont porté sur des missions de prospection, de mise en relations commerciales B to B, de foires et de salons spécialisés. Et ce sont pas moins de trente-six actions de communication qui ont été menées. A relever que le prochain semestre de l'année en cours verra l'organisation d'un road show export dans cinq pays africains: Sénégal, Mali, Burkina-Faso, Côte d'Ivoire et Gabon. Une mission de prospection ciblera trois pays asiatiques. Il s'agit du Japon, de la Corée du Sud et de la Chine. Avis aux exportateurs.