Suite à la parution d'un article dans un quotidien de la place accusant la banque d'affaires d'être à l'origine de la «sévère correction» qu'a connue la place boursière casablancaise le lundi 15 septembre, CFG réagit. Le top management dément point par point chacune des accusations qui lui sont adressées. «Nous considérons que cet article porte atteinte à notre réputation, qu'il est calomnieux et surtout sans fondement. Et aujourd'hui, nous souhaitons nous expliquer en toute transparence», déclare d'emblée Amine Alamy lors d'une conférence de presse improvisée au lendemain de la parution de l'article, à savoir le mercredi 22 septembre. La première accusation portée à l'encontre de CFG est la vente de titres à découvert via le site Dar Tawfir, la branche retail de la banque d'affaires dédiée au particulier. «Il faut savoir que le système de bourse en ligne ne peut pas émettre d'ordre à découvert», répond le président du groupe. Car le client pour émettre des ordres via Dar Tawfir doit y avoir et son compte titre et son compte espèces. Le système vérifie donc automatiquement si l'ordre émis peut être satisfait. A noter que pour les institutionnels, cette vérification ne se fait pas, mais ce n'est pas spécifique au Maroc et Dar Tawfir ne traite pas ces institutionnels. «La pierre angulaire de l'accusation proférée est donc sans fondement», renchérit Amyne Alami. Le management de CFG va encore plus loin dans son raisonnement. Pour être à l'origine de la baisse, il faudrait émettre des ordres de vente «hors limite», c'est-à-dire en dehors de la fourchette + ou – 6% fixée par la réglementation. Or le système interne à CFG ramène automatiquement un ordre hors limite en un ordre «dans les limites». «Il n'y a pas eu d'enquête du CDVM à CFG» Deuxième élément d'accusation. Lors d'une réunion à la Bourse de Casablanca, jeudi 18 septembre, rassemblant sociétés de bourse d'une part et management de la bourse d'autre part, il aurait été demandé à CFG de retirer les ordres en question, suite à quoi le marché serait reparti à la hausse. «Cette information est complètement fausse. Premièrement, personne ne nous a jamais demandé de retirer quoi que ce soit. Deuxièmement, je tiens à préciser que cette réunion dont vous parlez a eu lieu après la reprise du marché. Et j'ai été choqué d'y entendre parler de vente à découvert», s'insurge Younès Benjelloun. D'ailleurs, il est possible pour le CDVM de vérifier s'il y a eu vente à découvert. Ce qui nous ramène «à la troisième accusation, ou plutôt contrevérité. L'article parle et titre sur «le flagrant délit». Or pour qu'il y ait flagrant délit, il aurait fallu qu'un agent de l'autorité vienne constater le délit. Ce qui laisse supposer également qu'il y a eu contrôle, or nous n'avons pas eu de contrôle relatif à cette période de volatilité», poursuit Amyne Alami. Le management de CFG explique alors que le CDVM, à chaque mouvement de marché, comme celui du 15 et 16 septembre, lance des investigations sans se déplacer, car il est doté d'un dispositif qui lui permet d'accéder à toutes les transactions. En revanche, le CDVM pour cette période a demandé à CFG, au même titre que toutes les autres sociétés de bourse, les souches des transactions réalisées. Et ce n'est qu'une fois que les investigations aboutissent à la constatation d'un délit que le CDVM effectue une enquête sur place. «Et là en l'occurrence, il n'y a pas eu d'enquête du CDVM à CFG», insiste Amyne Alami. Et à Younès Benjelloun, administrateur du groupe, d'ajouter au sujet de la supposée indulgence du CDVM à l'égard de CFG: «on accuse le CDVM d'être particulièrement indulgent vis-à-vis de CFG, et ce depuis l'affaire CGI. Je tiens à dire que nous avons été contrôlé par le CDVM et que nous n'avons aucunement été sanctionné. Nous avons même eu des contrôles de Bank Al Maghrib et de l'office des changes». Mais certaines rumeurs font état de rapports privilégiés entre CFG et la directrice du CDVM, étant donné que cette dernière était associée du groupe avant sa nomination et qu'elle aurait toujours des intérêts au sein de CFG. «Je peux vous assurer que Dounia Taârgi ne possède plus aucune part dans CFG. D'ailleurs, cela figure dans les statuts de départ de notre société: dès que quelqu'un quitte le groupe pour d'autres fonctions, il vend ses parts aux autres associés du groupe», affirme Souad Benbachir, associée administrateur de CFG. Pourquoi un titre de presse comme «Le Matin» aurait porté d'aussi graves accusations sans en avoir les preuves ? Le management de CFG aurait été à lui seul à l'origine de ce mouvement de baisse, soit plus de 20 réservations? Car ce n'est pas tant la baisse en elle-même qui est exceptionnelle, -6% en moyenne est loin de constituer un krach en soi, d'autant plus que la place casablancaise en a connu de plus importantes, mais c'est le nombre de réservations qui a semé la panique. «Je pense tout simplement que ces accusations de manipulations sont liées à une émotion collective devant une chute du marché», conclut Amyne Alami. Aujourd'hui, CFG compte intenter un procès au quotidien «Le Matin », et ce dernier dit avoir les preuves de toutes les accusations portées et bien davantage… Affaire à suivre. ◆