Dans le secteur du transport en commun, Aziz Challal se lance dans une initiative peu commune. Il crée un réseau de taxis verts… Des petits taxis qui se déplacent jusque chez le client et qui se distinguent par leur disponibilité dans le temps et l'espace. Une affaire inédite au Maroc. Rester chez soi jusqu'à l'arrivée du petit taxi qui va vous transporter là où vous le voulez avec une tarification normale au km parcouru majorée de 5 DH. Voilà ce qui intéresserait bien les Casablancais ! Adieu les offres conditionnées et le mauvais comportement de chauffeurs pas du tout présentables ou de taxis qui dégagent des odeurs nauséabondes… L'alternative est désormais verte. Depuis un peu plus d'un mois, des taxis verts, se démarquant par des bandes vertes collées sur la vitre arrière, sillonnent la métropole. Taxi Vert, c'est le nom de la société créée il y a un mois par Abdallah Challal. Lui, c'est un Marocain résidant en Belgique, un professionnel qui préside trois sociétés du genre dans trois villes belges. L'une d'entre elles sous-traite avec le parlement européen pour le transport des délégations parlementaires en déplacement à Bruxelles. Mais ce n'est pas lui qui gère directement et au jour le jour la jeune société basée sur Casablanca. C'est son frère Aziz, 39 ans, qui, avant de se lancer dans cette aventure, avait acquis une expérience probante dans cet acabit de business aux côtés de Abdallah en Belgique. Un service de loin meilleur L'idée de monter ce projet a mûri dans la tête des deux frères. La nature de son travail obligeant Abdallah à suivre ses affaires de près, c'est finalement Aziz qui décide de lancer le projet au Maroc dès son retour en 2003. Pendant près de trois ans, il s'affaire à prospecter le marché et à tisser de bonnes relations avec ses acteurs. Entre temps, il passe au concret : il loue 25 agréments de petit taxi pour des durées peu longues, se procure le même nombre en véhicules neufs pour faire tourner la machine. En 2007, il s'adresse à l'Agence nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT). Son objectif ? S'octroyer une autorisation pour utiliser la radio de transmission. Pour quoi faire ? Pour communiquer avec son réseau de chauffeurs de taxis verts en temps réel. En avril 2008, il réussit à obtenir l'autorisation après avoir étayé son dossier par le professionnalisme et l'expérience de son frère Abdallah dans le pays de résidence. «Le taxi vert existe en Tunisie et en Libye, alors je me disais pourquoi pas au Maroc ? », souligne Aziz Challal. Deux mois plus tard, le 6 juin plus précisément, la société Taxi Vert voit le jour et le centre d'appels qu'a mis en place Aziz dans le même bâtiment du boulevard Bordeaux reçoit 7 appels le premier jour et 21 appels le jour suivant. Ce n'était point le fruit du hasard. Aziz avait distribué des prospectus qui ont accroché non seulement des clients mais aussi des chauffeurs de taxi qui ont vite fait d'intégrer le réseau des taxis verts. La société démarre avec 43 petits taxis avant d'atteindre un mois plus tard le nombre de 85. Ce réseau couvre aujourd'hui 40 secteurs de la ville. Chaque taxi vert est localisé suivant son emplacement dans un quartier donné. Le prix de la course est le même. La tarification est calculée selon le coût du km parcouru fixé par la wilaya du Grand Casablanca. Avec une majoration de 5 DH le jour et de 10 DH la nuit. «Cette majoration n'est pas fixe. Elle sera modifiée à partir du mois d'août. Elle compense en quelque sorte le temps perdu par le chauffeur et le trajet parcouru pour arriver chez le client», précise Aziz. En contrepartie, le client bénéficie de plusieurs avantages. Il reste chez lui jusqu'à l'arrivée du petit taxi. A ce moment là, il reçoit un appel l'informant que le taxi vert l'attend. Lorsqu'il emprunte le véhicule, le chauffeur est obligé de transmettre le message via les ondes de la radio à la centrale : «le client est à bord du taxi». Le personnel du centre d'appels note le message avec toutes les précisions sur l'heure, la date, et l'endroit de départ et d'arrivée. Tout est là pour satisfaire le client. En plus du traitement qui sied au client, l'état mécanique et la propreté du taxi vert sont, pour le gérant de la société, des priorités. Il a aménagé un garage de mécanique et de lavage d'une superficie de 320 m2, bien équipé, pour l'entretien régulier de son parc de véhicules. D'autres services sont offerts. C'est le cas de l'abonnement mensuel qui permet à un particulier ou aux salariés d'une société d'être transportés depuis chez eux, à la même heure chaque jour, jusqu'au lieu du travail. Un chéquier est dans ce cas remis au client qui le remplit en y libellant le coût des courses. A la fin du mois, un commercial se déplace chez le client pour collecter le dû. Pour ceux qui veulent se déplacer à l'aéroport Mohammed V de Casablanca ou dans d'autres villes, la société dispose d'un parc de grands taxis avec une tarification spéciale, 6DH/km aller et retour compris. «Taxi Vert» offre également les mêmes services à bord de limousines ou de mini bus touristiques. Aziz Challal est aussi gérant de deux autres sociétés: Sporting Car (location de voitures) et Bordeaux Tour (Mini Bus). L'affaire suit sa route vers le succès. Même si la société est jeune, «Taxi Vert» a réussi à gagner la confiance des particuliers et des entreprises (hôtels, centres de beauté notoires, Richbond, Siemens…) à travers des abonnements mensuels. Chaque jour, la centrale reçoit plus de 170 demandes, satisfaites en grande partie.. mais pas au point de rentrer dans les frais de démarrage. Aujourd'hui, l'offre dépasse légèrement la demande. Conscient de cette situation, Aziz Challal continue sa stratégie d'achalandage des chauffeurs chevronnés et réputés pour leur droiture et leur sérieux. C'est l'un des critères déterminants de sa politique de recrutement. Cela y va de l'image et de la réputation d'une société dont la raison d'être est la qualité de service. Mais pas à n'importe quel prix ! ◆