La crise entre Washington et Pretoria prend une tournure dramatique. Déclaré « persona non grata », l'ambassadeur d'Afrique du Sud, Ebrahim Rasool, est sommé de quitter le territoire sous 72 heures, pour des propos peu amènes envers les Etats-Unis et le président Donald Trump. Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a accusé, vendredi soir, le diplomate sud-africain d'être un « homme politique raciste qui déteste l'Amérique » et le locataire de la Maison blanche. Ce dernier a coupé, il y a quelque temps, les aides à Pretoria à cause d'un traitement jugé « injuste » entre les citoyens blancs. Le ministre des Affaires étrangères Ronald Lamola a qualifié la décision américaine de « sans précédent », estimant que « dans le cadre de relations diplomatiques normales, une démarche aurait dû être entreprise auprès de l'ambassadeur pour qu'il s'explique sur ses commentaires ». Lire aussi | Trump rebat les cartes du jeu géopolitique « L'ambassadeur Rasool était sur le point de rencontrer des responsables stratégiques à la Maison Blanche. Ce développement regrettable a sabordé les progrès significatifs », regrette le porte-parole du ministère, Chrispin Phiri, après des semaines de polémiques. Les milieux économiques en Afrique du Sud formulent de sérieuses craintes quant au futur de Pretoria au sein de l'accord commercial AGOA, qui permet d'exporter certains biens sans taxes vers les Etats-Unis. Adoptée en 2000 par le Congrès américain sous l'impulsion de Bill Clinton, l'African Growth and Opportunity Act abolit les droits d'importation aux Etats-Unis sur des milliers de produits fabriqués dans les pays d'Afrique subsaharienne. L'accord, prolongé en 2015 par Barack Obama, doit prendre fin cette année. « L'Afrique du Sud confisque des terres et traite TRES MAL certaines catégories de personnes », avait écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social. « Je couperai tout financement futur à l'Afrique du Sud jusqu'à ce qu'une enquête complète sur cette situation soit achevée! « , avait ajouté le président américain. Lire aussi | Des échanges très tendus entre Trump et Zelensky dans le Bureau ovale [Vidéo] Le président sud-africain a promulgué fin janvier une loi permettant au gouvernement, dans certaines circonstances et par mesure d'intérêt général, de décider d'expropriations sans compensation. Cela a rappelé la situation qu'a connue le Zimbabwe voisin après son indépendance. Au début des années 2000, quelque 4.000 des 4.500 grands propriétaires blancs d'alors avaient été expulsés manu militari de leurs terres au profit de fermiers noirs, sur ordre du gouvernement de Robert Mugabe.