Le Discours du Trône 2022 avait évoqué la nécessité de réformer le Code de la famille parce que sa pratique avait mis en exergue des lacunes. Comme il est normal pour un sujet sociétal, un temps de latence a été observé, pour permettre à tous les acteurs, y compris la société civile, de s'exprimer, dans un débat qui permette de recueillir toutes les opinions. Force est de constater que ce débat a été phagocyté par la question de l'héritage. On peut être pour l'égalité face à l'héritage, c'est le cas de l'auteur de ces lignes, mais il faut comprendre la difficulté de violenter la société sur une question aussi sensible et qui se rattache à une prescription du texte sacré. Ceci, alors que des questions comme le mariage des mineures est autorisé par les juges, plus de 25000 par an, ce qui est un scandale, celle de la tutelle ou encore du refus de payer son dû à la femme divorcée, ne sont même pas évoquées. Le ministre de la Justice a contribué à ce brouillard. Camouflet pour Ouahbi La Lettre royale a confié le pilotage de la préparation de cette réforme ''de manière collégiale et collective'' au ministère de la Justice, au Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire et à la présidence du ministère public, en y associant les autres instances concernées. Lire aussi | Le Roi Mohammed VI ordonne la révision du Code de la famille Sur le plan politique, il y a trois enseignements qui sont évidents : * L'attachement du Souverain à la promotion des questions de la femme puisqu'il réclame cette réforme alors que le pays gère l'après-séisme et qu'il fixe le délai de six mois pour rassurer sur la volonté du Maroc de ne prendre du retard sur aucune grande réforme. * Le choix des institutions et non pas d'une commission composée de personnalités choisies à titre individuel est un moyen de conforter ces institutions renforçant l'architecture dans son ensemble. * Enfin, c'est un rappel net que cette question relève, par beaucoup d'aspects, de Imarat Al Mouminine. Ce que le Chef du gouvernement avait rappelé devant le Parlement pour stopper net la polémique suscitée par son ministre de la Justice. Lire aussi | « Mohammed VI, un grand souverain » d'un « pays frère », dixit Nicolas Sarkozy dans son nouveau livre Abdellatif Ouahbi ne s'est pas comporté en homme d'Etat sur ce dossier. Il a avancé des positions qui lui sont très personnelles, qui n'ont même pas l'assentiment du gouvernement et surtout, il a dépassé ses prérogatives. Ce rappel à l'ordre très ferme, remet les pendules à l'heure et fragilise le président du PAM. Ce n'est qu'une péripétie, le plus important c'est le contenu, la portée de la réforme. Le chantier est lancé pour de vrai. Attendons mars prochain pour voir les résultats.