La réforme de l'apprentissage de l'anglais au Maroc est un enjeu majeur pour le développement économique du pays. Les intervenants lors d'une journée d'étude soulignent l'importance de la gestion optimale du timing de cette réforme pour garantir son succès. « Attention, le choix de l'anglais comme langue d'apprentissage engage toute la société marocaine dans un virage culturel et économique ! », prévient Pr. Ahmed Akhchichine, ancien ministre de l'éducation Nationale, lors d'une journée d'étude organisée par l'association MATE et la plateforme Yool Education. Et d'ajouter : « la question que je me pose est la suivante : est-ce que le choix de donner une place prépondérante à une langue particulière, en l'occurrence l'anglais, est opportun ? Surtout si nous envisageons de sortir de cette orientation un jour, cela pourrait prendre cinquante ans, comme cela a été le cas pour la langue française ». En effet, explique-t-il, lorsque le français a été établi comme une composante majeure de notre système éducatif, il a fallu attendre la fin des années 70 pour en sortir en partie. "Et quand nous avons essayé de revenir en arrière, nous avons rencontré de nombreuses difficultés. Ce choix ne doit donc pas être pris à la légère, car il engage l'ensemble des composantes de la société dans une direction donnée, avec des implications culturelles et des opportunités à évaluer. Nous devons nous demander si cette orientation est la bonne. Je soulève cette interrogation car je ne peux pas prédire l'avenir pour les 10, 20 ou 30 prochaines années », interpelle-t-il. En effet, la réforme de l'apprentissage de l'anglais au Maroc est un enjeu majeur pour le développement économique du pays. Cependant, la question du timing de cette réforme est cruciale. Le Directeur Général de l'Université Mundiapolis, Pr. Abdelmounaim Belalia, souligne que le défi n'était pas tant de savoir quoi faire, mais comment le faire, car le temps nécessaire pour mettre en place une réforme peut être très long. Il cite l'exemple de la réforme de la généralisation de la couverture sociale au Maroc, initiée par les orientations royales, qui est prévue pour s'étaler sur trois ans et qui fonctionne déjà aujourd'hui, avec un nombre important de Marocains progressivement couverts. Il appelle donc à des approches pragmatiques et efficaces pour mettre en place rapidement la réforme de l'apprentissage de l'anglais. « Nous avons besoin de nouvelles approches pragmatiques pour y parvenir. Pendant la pandémie de Covid-19, le Maroc a rapidement mis en place des mesures efficaces, démontrant ainsi sa capacité à agir rapidement et efficacement. Nous avons donc besoin d'efficacité et de performance pour mettre en place des réformes rapides et fonctionnelles, adaptées à l'environnement changeant. », souligne Belalia. Lire aussi | Les abus de booking font sortir les opérateurs de leurs gonds Intégrer au plus vite les technologies pour accélérer l'apprentissage de l'anglais Le Secrétaire Général du Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique, Aziz Kaichouh, souligne quant à lui l'importance de l'innovation et des outils d'apprentissage dynamiques pour accélérer la mise en place de la réforme. Il appelle également à une réflexion sur la durée nécessaire à l'intégration d'une langue, ainsi qu'à une gestion optimale des moyens et des ressources numériques pour garantir le succès de la réforme. « Pour compliquer un peu l'équation, il est possible que dans les 30 à 50 prochaines années, l'anglais ne soit plus la langue que nos enfants devront apprendre en priorité, comme l'a souligné le Pr. Ahmed Akhchichine. Ce destin nous oblige à innover avec des outils d'apprentissage dynamiques, car si les Marocains n'agissent pas, ils risquent d'être exclus de la civilisation internationale et mondiale. Il est également important de sortir du dilemme selon lequel il faut 10 à 15 ans pour intégrer une langue, car nous n'avons plus le choix. Ce défi s'applique non seulement à l'apprentissage des langues, mais aussi aux mathématiques, aux sciences, à la philosophie, à la géographie et à l'histoire. Aujourd'hui, les enfants peuvent apprendre des choses sur la géographie et l'histoire en regardant des vidéos de 7 minutes, alors qu'ils n'y arrivent pas après 300 heures de cours pour la même matière », déplore-t-il. Il suggère donc de trouver des solutions pour accélérer l'apprentissage de l'anglais, en investissant dans des outils, des enseignants, des programmes et des ressources numériques de qualité, tout en étant conscients qu'il n'y a pas de solution unique qui fonctionne pour tous. Il ajoute qu'il est toutefois important de ne pas seulement investir dans le matériel et les débits, mais de prendre en compte l'ensemble des dimensions de l'apprentissage. Pour lui, la qualité ne garantit pas des résultats pédagogiques satisfaisants, car il y a d'autres facteurs à prendre en compte. Kaichouh souligne qu'il est également important d'avoir un cadre structurel pour soutenir l'intégration des outils numériques dans le système éducatif. « Si nous voulons intégrer le numérique dans le système éducatif, nous devons lui donner de l'espace, du temps et des ressources pour l'améliorer progressivement », recommande-t-il. Lire aussi | Excellence éducative. La Fondation OCP, l'UM6P et le ministère de l'Education nationale s'allient Prendre en compte tous les facteurs pertinents Enfin, Pr. Ahmed Akhchichine, ancien ministre de l'éducation Nationale, invite à une réflexion plus large sur le choix de l'anglais comme langue d'apprentissage. Il souligne que ce choix engageait l'ensemble de la société dans un virage culturel et économique, et qu'il fallait évaluer les opportunités et les risques liés à ce choix. Il a également évoqué la possibilité que dans 30 ans, une autre langue soit plus adaptée pour l'ouverture sur le monde. D'où la nécessité de prendre en compte tous les facteurs pertinents pour garantir le succès de cette réforme, et de mener une réflexion continue sur les choix linguistiques pour l'avenir. « Il est toutefois possible que l'équation de l'ouverture sur le monde dans 30 ans serait davantage facilitée si nous nous orientions vers d'autres langues telles que le mandarin, le russe ou le swahili. Nous devons donc réfléchir à cette question, car le choix actuel pourrait être celui de la facilité, sans prendre en compte les implications à long terme », argumente-t-il. En effet, l'on peut s'avancer sans risque de se tromper qu'affirmer que la réforme de l'apprentissage de l'anglais est un enjeu majeur pour le développement économique du Maroc. L'anglais est devenu la langue de communication internationale par excellence, et sa maîtrise est un atout pour l'insertion du Maroc dans l'économie mondiale. Cependant, la gestion du timing de cette réforme est cruciale pour garantir son succès. Il est donc important de prendre en compte les facteurs économiques, sociaux, culturels et éducatifs pour déterminer le moment optimal pour mettre en place cette réforme. Il faut également s'assurer de la disponibilité des moyens et des ressources nécessaires, ainsi que de l'efficacité des outils d'apprentissage utilisés.