Le ministre du Commerce et de l'Industrie ne veut s'engager que sur la durée de son mandat. Dès cette année, il projette le lancement d'un certain nombre de projets. Ahmed Chami, ministre du Commerce, de l'Industrie et des Technologies de l'Information a déçu. Dans sa présentation de la mise en œuvre du plan de développement du commerce extérieur, plus communément appelé « Rawaj », il n'est pas entré dans les détails pour annoncer concrètement le calendrier des chantiers prévus. Il n'a pas non plus informé sur les critères qui permettront de choisir qui fera quoi dans l'élaboration de ce plan. Chami est resté sur le plan qu'avait confectionné l'équipe de Salah Eddine Mezouar, son prédécesseur. Pour certains observateurs, le ministre aurait cherché à politiser le dossier de « Rawaj » en cherchant à satisfaire certains syndicalistes avec qui il a signé des conventions à la veille du 1er mai. Lesquelles conventions ont été convenues alors même que des aspects du plan ne sont pas encore fignolés. Chami s'est contenté d'actualiser les objectifs du plan Rawaj pour les ramener de l'année 2020 à 2012. Le choix de cet horizon n'est pas fortuit. Chami s'est restreint à travailler sur cette période parce qu'il ne veut s'engager que sur la durée de son mandat. «Après lui, le déluge ?!». Des offres intégrées sont prévues Durant cette période, le ministre veut doubler le budget (accordé par l'Etat) du fonds de développement du secteur du commerce et de la distribution. Il est prévu de lui allouer une enveloppe de 100 millions de DH en 2008, puis 200 millions de DH annuellement entre 2009 et 2012. C'est pour lui un élément de taille dans le plan qui doit se mettre en place. A partir de quand les fonds devront-ils être débloqués ? Les responsables du ministère restent évasifs sur la réponse. Aucune date n'est avancée. Ils se contentent d'expliquer que «les fonds seront débloqués au fur et à mesure des dépenses engagées». Quant aux projets que le fonds devra financer, ils porteront notamment sur le développement du commerce de proximité, l'accompagnement des champions nationaux dans le secteur et le développement des zones d'activités commerciales. Dans quelles proportions ? Silence radio à nouveau. Le ministère ne veut pas trop s'étaler sur cet aspect. Par contre, il ne ménage pas ses efforts pour expliquer que des offres intégrées pour la modernisation du commerce de proximité seront mises en place. Elles concernent notamment la labellisation d'un groupe de commerçants, le regroupement des commerçants en réseaux commerciaux avec la création de centrales d'achat, la réhabilitation des points de vente faisant partie d'un projet de requalification d'espace commercial et la modernisation des commerces de proximité. «Ces offres doivent permettre d'améliorer l'activité des commerçants, leur rentabilité financière ainsi que le service offert au consommateur à travers l'adoption et l'appropriation de nouvelles techniques de gestion et des standards de qualité», explique un responsable dudit ministère. En d'autres termes, le ministère va lancer un concours d'idées auquel pourra souscrire tout acteur de commerce et de distribution pour développer ces offres. Dans les moutures initiales du plan Rawaj, Hanouty SA, filiale du groupe Benjelloun, avait de fortes chances de participer en tant que partenaire de choix à cette mission. Hanouty devait même bénéficier d'une partie du fonds Rawaj pour financer la mise à niveau des commerces de proximité. Aujourd'hui, il semble que Chami en ait voulu autrement. Hanouty ne sera pas choisi de facto pour mener «la modernisation intégrée». « Le concours d'idées que nous lançons est ouvert à tous les opérateurs structurants du secteur ayant un projet porteur visant la reconversion et la modernisation du commerce de proximité. Les projets de modernisation intégrée seront sélectionnés sur la base d'un cahier des charges fixant des critères techniques et économiques attestant de la viabilité, de l'impact et de l'originalité des solutions envisagées», se contente-t-on de répondre au ministère du Commerce et de l'Industrie. La filiale du groupe Benjelloun avait misé sur « la prise en charge » de cette mise à niveau dans son business plan. Son offre était intéressante à bien des égards. Les responsables du ministère étaient d'ailleurs « emballés ». Maintenant, Hanouty devra présenter son offre comme tout autre opérateur et attendre que l'équipe Chami étudie ses offres. Finalement, à quasiment la mi-2008, les seules convictions du ministère (pour l'année en cours) restent basées sur des projections : lancement d'une étude sur le référentiel national et le master plan de zones d'activités commerciales, réalisation d'un schéma directeur des marchés de gros et des fruits et légumes et modélisation de leur mode optimal de fonctionnement, élaboration de plans régionaux de développement du commerce à Beni Mellal, dans les régions du Gharb et de l'Oriental, Settat et Tétouan-Martil, identification de zones d'activités commerciales au niveau des villes de Casablanca, Meknès, Oujda et Fès. Y parviendra-t-il en l'espace de quelques mois ? De «Rawaj 2020» à «Rawaj 2012» Le ministre du Commerce et de l'Industrie a voulu ramener les indicateurs du plan Rawaj 2020 à l'horizon 2012, date où il devrait normalement quitter son poste. Il ne veut s'engager que sur ce qui correspondra à son mandat. A cette date, il projette de porter le PIB du commerce à 98 milliards de DH (contre environ 63 milliards en 2006), de contribuer au PIB national à 12,5% (au lieu de 11% en 2006) et de porter la croissance du secteur à 8% par an (au lieu de 6% en 2006).