Pour une fois, un ministre marocain reconnaît devant le roi avoir essuyé des échecs dans la réalisation de son plan de réforme, au même moment où il lui présente ses succès. C'est ce qu'a fait Ahmed Reda Chami, ministre du Commerce, de l'industrie et des nouvelles technologies dans son discours lors des premières Assises de l'industrie tenues hier 7 avril à Casablanca. Le ministre reconnaît que c'est pour lui «l'heure des comptes», et «ça sera ainsi à chaque édition de ces assises». Il commencera par livrer les résultats liés à l'amélioration de la compétitivité des PME. Il a évoqué le lancement d'Imtyaz et Moussanada ainsi que des deux fonds d'investissement public-privé, «mais pour la nouvelle définition des PME, il n'y a pas eu d'avancement», a-t-il lancé devant le souverain, en notant que des actions sont prévues cette année. «C'est au niveaudu climat des affaires qu'il faut fournir le plus d'efforts». Chami aborde ensuite le dossier des métiers mondiaux du Maroc. Il note, qu'en dépit de la crise, 22 entreprises d'offshoring ont bénéficié du remboursement de l'IR pour un montant de 30 millions de DH. En parallèle, dix nouveaux projets ont été lancés pour un montant de 64 millions de DH. Des montants et des réalisations que des voix dans l'audience ont jugé plutôt faibles. Par ailleurs, l'AMDI, dirigée par Fathallah Sijilmassi, mènera des actions de promotion de ces secteurs dans les médias spécialisés en France et en Espagne. Dans les secteurs textiles et cuir, Chami reconnaît que «l'offre marocaine ne peut jamais être compétitivité en termes de prix». Ce qu'il faut, c'est plus de réactivité pour répondre aux besoins fluctuants. Chami annonce le lancement d'un plan de communication et de veille active sur les marchés cibles pour dénicher de nouveaux débouchés. Pour ce qui est de l'agroalimentaire, le ministre a mis en avant les facilités à l'import pour les filières dépendant des importations. Pour les filières intégrées, Chami parle d'un plan de réorganisation. Après avoir dressé son analyse sectorielle, le ministre évoque la question de la réduction des coûts logistiques notamment au niveau «de la traversée du détroit». «L'objectif est idéalement d'examiner toutes les opportunités pour identifier de nouveaux métiers mondiaux du Maroc», lance Chami, sans préciser quels secteurs il cible. «C'est au niveau du climat des affaires qu'il faut fournir le plus d'efforts», reconnaîtra le ministre. Une déclaration qui montre les difficultés rencontrées à ce niveau. Chami met en avant la mise en place de l'identifiant commun des entreprises et les procédures d'arbitrage. Encore faut-il codifier toutes les mesures administratives, prévues dans le cadre de la procédure d'investissement. Sur le volet formation, Chami rappelle l'objectif des 220.000 emplois, fixé comme objectifs du plan. L'identification des besoins de formation au niveau sectoriel est chose faite, assure-t-il. Reste à mettre en place les cursus y afférant. Le ministre de l'Industrie aborde le sujet des plateformes industrielles intégrées (PII) avec le même niveau de franchise que pour les volets précédents. Il met en avant le lancement des travaux dans les zones de Fès et Oujda. Mais il reconnaît des retards au niveau du lancement des travaux de Tétouan Shore et de la zone industrielle de Nouaceur dans la banlieue de Casablanca. «Mais ces difficultés sont désormais derrière nous car nous signons aujourd'hui les conventions relatives à ces projets», précise Chami qui annonce la mobilisation d'un patrimoine foncier de 70 hectares dans la zone d'Oulad Saleh, qui sera développée conjointement par son département et celui de l'Equipement et des transports, en vue d'y installer une zone logistique. «L'objectif est de mobiliser 2.000 ha dédiés aux activités industrielles et logistiques», note Chami. Le ministre du Commerce et de l'industrie déclinera ensuite le mode de pilotage des projets qui «d'ici quelques semaines» permettra de donner des états d'avancement détaillés de chacun d'entre aux. «Les chantiers transverses sont les plus difficiles à mener», précise Chami en évoquant notamment la mise à niveau des législations. Il reconnaît d'ailleurs la complexité du chantier de réforme annuel du droit des affaires. «L'année 2010 sera placée sous le signe de l'exécution rapide des mesures», conclut le ministre du Commerce et de l'industrie dans un exercice de transparence devant le souverain, qui objectivement devrait servir d'exemple pour les autres responsables publics. Les conventions signées • Protocole d'accord portant sur la réalisation de la PII Tétouan Shore • Protocole d'accord portant sur la réalisation de la PII de Nouaceur • Accord portant sur la généralisation de la plateforme de scoring des PME à cinq nouvelles banques (BMCI, CAM, CIH, Société Générale, Crédit du Maroc). • Accord engageant la CGEM et le ministère du Commerce et de l'industrie avec les ministres de l'Education et de l'Emploi pour la facilitation d'accès des étudiants aux stages.