L'Association Marocaine des Importateurs du Matériel Agricole (AMIMA), l'un des acteurs principaux du machinisme agricole au Maroc, a dressé le bilan de ses ventes de tracteurs agricoles neufs dans le Royaume. Un marché qui, pour l'année 2022, a dégringolé. Dans le détail et selon l'AMIMA, le déficit pluviométrique qui a caractérisé la campagne agricole 2021-2022 a contribué en partie à une baisse importante du marché des tracteurs agricoles neufs de 43% par rapport à l'année précédente pour s'établir à 1 119 unités seulement en 2022, soit un volume annuel plus faible que celui réalisé il y a près de 30 ans. Cette baisse de marché est également due, toujours selon l'Association, à d'autres facteurs, notamment la difficulté d'accès des agriculteurs au financement, ainsi que le rallongement du délai de déblocage des fonds de subventions. L'AMIMA qui souligne que les nouvelles dispositions d'octroi des accords de subvention en liaison avec l'AMO ont encore plus freiné l'approvisionnement des agriculteurs en matériel agricole pendant la campagne de labour. Lire aussi | SM le Roi s'entretient avec le Président Ali Bongo Ondimba et remet un don de fertilisants au profit d'agriculteurs gabonais Toujours selon l'Association, cette tendance baissière est appelée à s'aggraver en 2023 avec l'entrée en vigueur le 30 janvier du décret relatif aux nouvelles dispositions d'application de la TVA aux produits et matériels à usage agricole à l'intérieur et à l'importation, qui alourdira davantage le processus d'acquisition de ce matériel. Auparavant, pour le matériel exclusivement à usage agricole, l'agriculteur bénéficiait d'office de cette exonération de TVA. De même, les importateurs dédouanaient le matériel agricole en exonération de TVA et leurs réseaux de distribution pouvaient acquérir ce matériel en hors taxe pour fournir les agriculteurs, précise la même source. La mise en place par l'administration d'un dispositif de bénéfice d'exonération de TVA uniquement au profit de l'agriculteur au moment de l'achat sur présentation d'une attestation d'exonération met en péril la situation des importateurs et leurs réseaux de distribution. Selon l'AMIMA, ces derniers doivent subir le financement de cette taxe à l'importation et à l'intérieur, et attendre ensuite son remboursement pendant une longue période, grevant ainsi l'état de leur trésorerie d'un crédit TVA qu'ils ne peuvent supporter en plus des montants relatifs aux subventions réglés par délégation de créance. Lire aussi | Aziz Akhannouch : « Le Maroc engagé à renforcer son partenariat avec la BERD » L'importateur distributeur n'ayant pas la qualité d'exploitant agricole ne peut bénéficier d'une attestation d'exonération de la TVA à l'importation. Si ces nouvelles dispositions restent maintenues, elles porteront certainement atteinte au secteur de machinisme agricole et son écosystème dans la mesure où les entités le constituant ne seront plus en mesure de faire face à leurs engagements financiers et leur obligation de s'approvisionner et d'approvisionner les agriculteurs marocains en matériel agricole, ajoute l'Association. Et de souligner que les ventes de ce secteur sont à l'arrêt depuis l'entrée en vigueur du décret de TVA en question. Ceci orientera fatalement les agriculteurs encore plus vers l'utilisation de vieux matériels agricoles d'occasion, ce qui va à l'encontre des objectifs du gouvernement, notamment en matière de mécanisation, de modernisation et d'amélioration du rendement du parc de matériel agricole, conclut le communiqué de l'AMIMA.