Représentant entre 14 et 20 % du PIB national, l'agriculture n'en subit pas moins le poids de l'informel et la prédominance du matériel d'occasion. Une situation contre laquelle les équipementiers agricoles s'insurgent et réclament des mesures institutionnelles. L'agriculture marocaine représente 14 à 20 % du PIB marocain selon les années, et emploie, directement et indirectement, 46 % de la population active marocaine. C'est dire que le secteur est vital pour l'économie marocaine. Un secteur qui, en plus de sa soumission aux aléas climatiques, dans une période où se multiplient les sécheresses, souffre toujours de la faible mécanisation du secteur. Une étude sectorielle de la Mission économique de l'Ambassade de France révèle que seulement 47 % des exploitations ont recours à la mécanisation des travaux du sol et 30 % à la mécanisation des moissons. Et encore, une bonne partie du matériel agricole utilisé au Maroc est d'occasion et provient via des canaux informels. D'après l'Association marocaine des importateurs de matériel agricole, et s'agissant du matériel de grandes cultures, une dizaine de sociétés se partage le marché du matériel importé, représentant les grandes marques de tracteurs européennes ou américaines. Depuis 1998, et même dès 1994 mais de manière moins prononcée, ces sociétés ont connu une très forte diminution de leurs ventes. Deux raisons à cela : la répétition des sécheresses et l'arrivée massive sur le marché de tracteurs, moissonneuses-batteuses et presses à paille d'occasion. En effet, dans un contexte de sécheresses, le premier critère de choix de l'agriculteur est le prix. Ainsi, plus de la moitié du matériel importé est aujourd'hui d'occasion. Ces machines transitent via des réseaux très informels, agissant souvent au coup par coup et difficiles à identifier. Pour le matériel de serres et d'irrigation, il existe une très forte concurrence, surtout dans les régions où l'agriculture est performante et destinée à l'exportation. De ce fait, les prix sont en baisse constante et les sociétés proposent de nombreux services pour fidéliser leur clientèle (évaluations de projet, conseils, montage des projets). La production nationale formelle est, quant à elle, limitée. Dominée, principalement par 3 sociétés (ATMAR, Hassouni et COMICOM), elle est en grande partie tournée vers les appareils de travail du sol de faible technicité : cover-crops, charrues à disques, remorques. D'après l'étude, ce matériel a plutôt mauvaise réputation auprès des agriculteurs marocains et les ventes sont faibles. La production artisanale informelle est par définition difficile à évaluer (certains ateliers peuvent vendre une soixantaine d'outils en cas de bonne campagne agricole). Ces entreprises fabriquent essentiellement des outils de travail du sol qu'elles vendent à des prix très nettement inférieurs à la concurrence étrangère et même locale. Une situation contre laquelle les importateurs de matériel neuf, réunis au sein de l'AMIMA, n'ont cessé de tirer la sonnette d'alarme. Ces derniers ont finalement obtenu que soit mis en place un dispositif douanier pénalisant les importations de machines d'occasion en fonction de leur âge. Ce dispositif ne concerne pas les machines originaires de l'Union européenne. De façon générale, le matériel agricole est soumis à un régime douanier et fiscal favorable puisque les matériels neufs comme d'occasion en provenance de l'Union européenne sont exonérés de droits d'importation et de TVA. Seule une taxe parafiscale à l'importation de 0,25 % subsiste. Par ailleurs, l'importation de films plastiques pour serres en franchise de droits de douane est soumise à une autorisation administrative préalable. L'achat de matériel neuf est subventionné (jusqu'à 60 % pour les semoirs et pulvérisateurs). Des primes sont également distribuées pour l'achat de tracteurs. Les professionnels du secteur estiment que les agriculteurs accèdent de plus en plus facilement à l'obtention de ces aides grâce à l'appui du Crédit Agricole du Maroc pour la constitution des dossiers. Mais dans un contexte agricole marocain marqué par la prédominance des petites exploitations, la forte main-œuvre à laquelle le secteur fait toujours et l'illettrisme des agriculteurs, ces mesures n'apportent que peu, ou pas, de résultats.