L'autorité des exportations de produits agricoles, Morocco Fodex, a interdit aux négociants de fruits et légumes d'exporter des tomates, des oignons et des pommes de terre vers les pays d'Afrique de l'Ouest, afin d'assurer la sécurité alimentaire dans le Royaume après que les prix des tomates ont augmenté à un rythme alarmant. La décision de Morocco Fodex a été communiquée aux négociants par téléphone, a déclaré un haut responsable de l'Association marocaine des fournisseurs de fruits et légumes du marché africain, interrogé par Reuters qui a relayé l'information. Elle a été prise avec effet immédiat le jeudi 9 février par Morocco Foodex qui a justifié cette mesure par la nécessité d'assurer la sécurité alimentaire dans le pays après la hausse des prix des tomates. En effet, l'annonce intervient dans un contexte marqué notamment par la flambée des prix de la tomate sur le marché intérieur notamment en raison de la baisse de l'offre locale liée aux vagues de froid qui touche la région de Souss-Massa, principal bassin de production du pays (90 % de la récolte). Avec cette situation, le prix du kg de tomate s'échange actuellement entre 10 et 12 DH soit le double de tarif observé en décembre dernier. Lire aussi | Aucune hausse pour les prix des pâtes alimentaires et couscous dans les mois prochains Le responsable, qui s'est exprimé sous couvert de l'anonymat, a déclaré à Reuters que l'interdiction avait été imposée à partir de jeudi dernier à tout camion transportant les légumes vers les marchés ouest-africains. Une restriction des exportations de tomate, d'oignon et de pomme de terre qui s'inscrit globalement dans le contexte d'une inflation qui s'est élevée à 6,6% en 2022 mais de 11% pour les produits alimentaires. Outre, l'impact de la guerre en Ukraine sur les prix alimentaires, le Maroc a du faire face à une forte sécheresse, qui a aussi fait grimper les prix les produits de base. Enfin lors du mois du Ramadan, qui démarre le 23 mars prochain, la demande est forte. Le porte-parole du gouvernement, Mustafa Baitas, a déclaré cette semaine lors de sa conférence de presse hebdomadaire que le gouvernement « prenait toutes les mesures pour assurer un approvisionnement régulier et normal » du marché intérieur. Baitas a refusé de commenter lorsqu'on lui a posé des questions sur l'interdiction d'exportation. Lire aussi | Huiles de table : les prix vont baisser dans les prochains jours Le Maroc est un grand exportateur de légumes vers l'Europe. Mohamed Zemrani, directeur adjoint de l'association marocaine des fournisseurs de fruits et légumes du marché africain, a déclaré à Reuters que l'interdiction nuirait aux négociants. « L'interdiction d'exporter signifie la faillite de nombreux fournisseurs sans compter la perte d'emplois », a-t-il dit. Les exportations du secteur agricole marocain ont augmenté de 20% pour atteindre un record de 80 milliards DH l'année dernière malgré la pire sécheresse depuis des décennies. Le commerce du Maroc avec l'Afrique en 2022 a augmenté de 45% pour atteindre un record de 65 milliards de DH alors que le nombre de camions prenant le départ du Maroc vers les marchés africains a augmenté de 88% pour atteindre 45 000, selon les données officielles. Les produits alimentaires agricoles en représentaient 28 % des volumes transportés. Zemrani a regretté que l'interdiction ait été instituée sans aucun dialogue avec les négociants et qu'il aurait été plus logique d'imposer une réduction des exportations plutôt que de les arrêter complètement. Pour rappel, l'Europe, avec la prédominance de la France, est de loin le premier importateur de la tomate marocaine (près de 80% selon les données de Trade Map pour 2021). Se placent ensuite le Royaume Uni. L'Afrique ne représente que 1,3% des exportations marocaines de tomates, la Mauritanie et le Sénégal étant les principaux importateurs.