Désormais, dans les marchés dakarois au Sénégal et bamakois au Mali, les agrumes et légumes en provenance du Maroc y sont devenus incontournables. Touchés par une production insuffisante face à l'augmentation de leur demande domestique, ces pays n'ont d'autre choix que de se tourner vers les fournisseurs marocains. D epuis le mois de juin, près d'une centaine de camions chargés de fruits et légumes traversent la frontière terrestre maroco-mauritanienne. Direction : Nouakchott, Dakar, Bamako, voire Abidjan et Ouagadougou. «Désormais, ce sont plus d'une centaine de camions frigos, ou porte-conteneurs qui traversent la frontière maroco-mauritanienne, dont une partie reste chez le voisin du sud, tandis que d'autres font route sur les autres grandes villes d'Afrique de l'ouest», explique ce douanier en poste à Bir Guendouz. Le ballet est devenu incessant depuis que certains agriculteurs ont compris que le différentiel des prix par rapport aux pays africains est tout aussi attractif que les marchés européens, notamment dans la période de fortes pluies quand les légumes frais se font rares. En effet, entre juin et décembre, pendant près de six mois, certains produits agricoles se font rares sur les marchés des pays d'Afrique de l'Ouest, dont le Sénégal, le Mali et la Mauritanie. L'agriculture locale est incapable de satisfaire une demande de plus en plus forte en légumes, alors même que le pouvoir d'achat s'est nettement amélioré. L'oignon et la pomme de terre qui étaient importés de Hollande et de France proviennent désormais majoritairement du Maroc avec une qualité souvent supérieure. «Auparavant, la pomme de terre et l'oignon en provenance d'Europe étaient de très petit calibre, alors que depuis deux ans les fournisseurs marocains livrent une qualité de produit nettement supérieure», souligne Karim Diallo, grossiste en fruits et légumes basé à Dakar. Le rythme s'est accéléré avec les fêtes de Tabaski (Aïd El Kébir), notamment pour acheminer l'oignon, qui est le légume le plus consommé pendant cette période, mais également en décembre pour la fin de l'année. Côté fruits, pommes, oranges, raisins et autres font partie du décor. Pour cause, les agrumes par exemple ne sont pas suffisamment produits au Mali, au Sénégal et dans d'autres pays ouest africains. De ce fait, les gros commerçants les importent en empruntant un circuit terrestre aujourd'hui plus facile. C'est dire que le Maroc se fait de plus en plus sa place sur l'ensemble des marchés ouest-africain, et le label Maroc a fini de bâtir sa réputation. Cette situation peut paraître assez inattendue dans la mesure où les légumes exportés vers les pays africains sont bel et bien produits localement. Néanmoins, la production est nettement inférieure à la demande. Au Sénégal, les produits agricoles locaux ne couvrent que 30 à 40% des besoins. De plus, la période de production est souvent relativement courte et les moyens de conservations inexistants. Pour rester sur le cas de l'oignon, l'essentiel de la récolte survient entre février et avril sur trois mois seulement. Faute de hangar de conservation, l'essentiel de la production est condamné à pourrir en bord de champ. C'est ce qui explique qu'après une très forte baisse des prix autour de 2 dirhams le kilo, on assiste à une forte remontée jusqu'à 8 dirhams en l'espace de trois mois seulement. Pour la pomme de terre, la tomate, la carotte, les choux et même l'aubergine, on peut faire le même constat. Au Mali, la production est encore plus faible. Puisque la capitale Bamako a toujours dépendu d'une partie de la production sénégalaise et burkinabè. Malheureusement, la pression de la demande est de plus en plus forte dans ces deux pays voisins qui ne parviennent pas à satisfaire leur propre marché. Pour ce qui concerne les fruits, c'est surtout l'orange et la pomme qui sont exportées, pour des quantités légèrement inférieures que les légumes. Néanmoins, il existe une très forte demande, puisque la quasi-totalité de la consommation provient de l'étranger. Dans les mois à venir, les exportations devraient continuer à progresser pour le plus grand bonheur des exportateurs.