Accor Maroc est en train de réussir son pari : implanter Sofitel, son enseigne de prestige, dans les grandes métropoles d'affaires du Royaume, mais également dans ses hauts lieux de villégiature. Son offre vient d'être retenue par les actionnaires d'Emirotel pour le rachat de 100% des titres de l'hôtel Hilton de Rabat. Si sur certaines destinations, Accor cède les murs de son enseigne de référence dans l'hôtellerie très haut de gamme internationale, c'est tout le contraire de cette politique qu'elle est en train d'initier au Maroc. Dans le Royaume, la filiale marocaine du leader européen de l'hôtellerie conforte, à travers Risma, sa stratégie haut de gamme et devrait, à terme, exploiter l'hôtel Hilton de Rabat sous l'enseigne Sofitel. En effet, à l'issue de l'appel d'offres lancé par les actionnaires de la société Emirotel (propriétaire de l'hôtel Hilton de Rabat) sur la vente de 100% de ses titres, l'offre de son principal instrument de financement, Risma, a été retenue ce vendredi 1er juin. Si pour l'heure, les détails de l'opération ne seront communiqués que lorsque la transaction aura été finalisée entre les deux parties, Risma, dans laquelle le groupe français détient 35 % aux côtés de partenaires marocains de premier plan, et la société Emirotel, sont depuis entrées en négociation exclusive pour finaliser l'acquisition des titres. Il faut dire que la filiale marocaine d'Accor tient par cette nouvelle acquisition une adresse mythique. Exploité sous l'enseigne Hilton depuis plusieurs années, cet hôtel 5 étoiles, avec ses 269 chambres, est implanté sur l'un des sites les plus prisés de la capitale du Royaume. En tout cas, cette opération intervient au moment où Accor a défini un nouveau repositionnement pour sa marque Sofitel à travers le monde, qu'elle soit gérée en propre ou en gestion pour compte. Il s'agit depuis, pour le leader mondial de l'hôtellerie, de distinguer deux catégories de Sofitel. La première englobe les établissements d'exception (loisirs) du type Luxury Collection, comme le prestigieux Sofitel Saint-James London ou encore l'Old Cataract d'Egypte. «Dans ces établissements, une nuitée ne peut pas se brader et le service doit être exceptionnel !», explique Marc Thépot, PDG d'Accor Maroc. Une ambition clairement affichée Sur les 200 établissements sous la marque Sofitel à travers le monde, seule une vingtaine feront partie de ce lot, et parmi eux, le Sofitel Palais Jamai de Fès. D'ailleurs, ce dernier a accueilli à sa tête un nouveau directeur aux côtés duquel travaillera un décorateur international. «Une fois le projet de rénovation monté, il sera soumis au propriétaire des murs», souligne le patron d'Accor Maroc. Toujours est-il que c'est la deuxième catégorie qui constituera le cœur de cible du Sofitel. D'un standing moindre que ceux de la première, ces établissements sont orientés essentiellement business. Ce parc hôtelier de prestige (5 étoiles) du groupe français au Maroc compte, outre le Palais Jamai, les Sofitel Thalassa Mogador Essaouira, Diwan Rabat, Royal Golf El Jadida, Thalassa Marina Smir et celui de Marrakech. Depuis son arrivée au Maroc en 1996, le leader européen de l'hôtellerie n'a jamais caché sa volonté d'implanter cette enseigne dans les grandes métropoles d'affaires du Royaume, mais également dans ses hauts lieux de villégiature. C'est ainsi qu'après avoir perdu le contrôle du Mansour Dahbi de Marrakech en 2001, Accor Maroc n'avait pas beaucoup tergiversé pour transformer cette épreuve en opportunité, d'autant plus que, pour le groupe hôtelier, il n'était pas question de ne pas être présent dans la capitale touristique. Il rachèta à un opérateur privé son établissement qu'il rénova en 2002, avant de procéder à son extension. Depuis, Sofitel Marrakech est l'un des plus prestigieux hôtels de la cité ocre. Pour autant, Accor Maroc voit encore grand pour cet établissement dont il veut rehausser le niveau. Aussi bien à Agadir qu'à Casablanca, Accor Maroc, avec ses 23 établissements (toutes marques confondues), s'apprête à lancer les travaux de deux hôtels Sofitel. Si, dans la première ville, il doit s'agir tout simplement d'une deuxième adresse, dans la capitale économique, c'est une adresse exceptionnelle qui est prévue sur le site du Casa City Center. En témoigne le coût d'une chambre : 2 millions de DH. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, à l'issue de cette nouvelle acquisition, le premier groupe hôtelier au Maroc a désormais les yeux tournés vers Tanger. «Actuellement, c'est la seule destination où nous ne sommes pas présents avec Sofitel , mais nous sommes à l'affût d'une opportunité», précise Marc Thépot. Il y a de quoi. La marque Sofitel contribue à hauteur de plus de 60 % aux résultats du groupe au Maroc, sans oublier que c'est grâce au service dispensé dans ces établissements qu'Accor a assis sa crédibilité auprès de tous les décideurs marocains. «Avec le Hilton de Rabat, Accor consolidera encore plus son engagement et sa crédibilité dans l'hôtellerie de luxe de ce pays», conclut Marc Thépot.