L'actualité au Maroc c'est ce qui se passe en Egypte. Pourtant il y a une information qui aurait dû susciter l'émoi et provoquer des manifestations d'importance. Une cellule terroriste a été démantelée, comme cela se produit avec une régularité de métronome depuis dix ans. Elle projetait d'attaquer des prisons pour libérer les salafistes des casernes et des personnalités publiques. Pas très original non plus. Ce qui l'est c'est que ses membres sont des enseignants du secondaire ou étudiants. Depuis 2013 on sait que les Idées jihadistes ont pénétré l'école. Cette fois une cellule terroriste d'enseignants est mise à jour. Quel savoir transmettaient-ils à leurs élèves ? Qui peut garantir qu'ils ne prêchaient pas pour Al Qaïda ? Qui contrôle quoi dans ce bazar appelé école publique ? C'est ce débat là qui aurait dû nous intéresser. La photo du présumé chef de réseau est à elle seule une accusation pour le système éducatif. Barbe-tapis, terme à l'afghane, sandales sales. Le scandale ce n'est pas que des Marocains choisissent ce code vestimentaire, mais que l'école l'accepte. Les enseignants se présentent dans cette tenue devant les élèves. Seuls quelques rares, trop rares, directeurs d'école tentent d'y mettre bon ordre en rappelant les règles qui voudraient que « le maître » soit impeccable dans sa tenue. Cela fait partie de son image face aux apprenants et renforce donc son rôle pédagogique. Mais cela fait longtemps que la transmission du savoir n'est plus qu'une fonction marginale de l'école. L'idéologisation est un fait acquis. Un professeur de Sciences de la vie et de la terre, en première année de baccalauréat commence sa leçon sur l'eau par un verset coranique. Un père s'indigne de ce mélange des genres et s'en ouvre à la directrice. Celle-ci refuse de comprendre que la religion ne doit pas se retrouver dans le corpus d'une matière scientifique et renvoie le père à ses vociférations laïcisantes. Le fait que les présumés terroristes soient professeurs d'éducation religieuse ne doit pas faire illusion, toutes les matières sont utilisées pour transmettre l'idéologie de la haine. Une enseignante de physique, dans une école privée, plaide pour le hijab chaque jour et note mieux des filles qui la suivent. Il y a le contenu des programmes, très discutable même si on l'a épuré. Il y a quelques années on y faisait l'apologie des « Hodoud », considérées comme sévères. Mais justes. Ce qui se passe dans les classes est pire. L'apologie du terrorisme, l'incitation à la haine, le prosélytisme wahhabite sont monnaie courante, sans appeler à une réaction de l'administration ni à celle des parents. Nous avons normalisé avec l'horreur par lâcheté politique. Tout se passe comme si la société a délégué aux sécuritaires sa défense. Ils y réussissent plutôt bien, mais Argana prouve que dans cette lettre de réseaux, il n'y a pas de risque zéro. Si l'Egypte connaît comme c'est probable, une résurgence du terrorisme déjà présent en Tunisie et en Algérie, il nous faudra beaucoup plus de vigilance pour nous prémunir, commençons par contrôler ce que l'on met dans les crânes de nos enfants. J.B.