Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi un renforcement de l'arsenal pénal contre "l'endoctrinement" à des idéologies extrémistes, avec l'introduction notamment de sanctions à l'encontre des visiteurs de sites Internet faisant l'apologie du terrorisme, pour éviter la reproduction du drame de Toulouse. "Désormais, toute personne qui consultera de manière habituelle des sites internet qui font l'apologie du terrorisme ou qui appellent à la haine et à la violence sera punie pénalement", a-t-il dit dans une intervention radiotélévisée depuis L'Elysée. Son discours intervient après la neutralisation, dans la matinée, du tueur présumé de sept personnes dans le sud-ouest de la France, lors d'un assaut de la police à son appartement à Toulouse. Il s'agit d'un jeune français d'origine algérienne se revendiquant d'Al Qaida, ayant fait des séjours au Pakistan et en Afghanistan. Le nouvel arsenal pénal promis par le chef d'Etat français cible notamment les tentatives d'embrigadement de jeunes lors de voyages à l'étranger. "Toute personne se rendant à l'étranger pour y suivre des travaux d'endoctrinement à des idéologies conduisant au terrorisme sera punie pénalement", a affirmé M. Sarkozy, insistant que la France "doit être implacable pour défendre ses valeurs" et "ne tolérera ni embrigadement ni conditionnement idéologique sur son propre sol". De même, a-t-il indiqué, "une réflexion approfondie" sera menée sur le phénomène de "propagation de ces idéologies dans le milieu carcéral". "Nous ne pouvons accepter que nos prisons deviennent des terreaux d'endoctrinement à des idéologies de haine et de terrorisme", a-t-il dit, assurant que "la propagation et l'apologie d'idéologies extrémistes seront réprimées par un délit figurant dans le code pénal avec les moyens qui sont déjà ceux de la lutte antiterroriste". Par ailleurs, le président français a tenu à réitérer son appel à éviter tout amalgame entre l'islam et les motivations terroristes du tueur en série qui a abattu à sang froid des soldats maghrébins, dont un franco-marocain, et des juifs dans le sud-ouest de la France. "Nos compatriotes musulmans n'ont rien à voir avec les motivations folles d'un terroriste", a-t-il dit, rappelant qu'"avant de prendre pour cible des enfants juifs, le tireur a tiré à bout portant sur des musulmans". "La France a fait preuve de sang-froid et de détermination. Elle est restée unie et rassemblée. Aujourd'hui, les Français doivent surmonter leur indignation et ne pas laisser libre cours à leur colère", a-t-il affirmé. Revenant sur les circonstances de la mort du tueur lors d'un assaut de la police, M. Sarkozy a assuré que "tout a été fait" pour qu'il "soit livré à la justice", mais "il n'était pas concevable d'exposer des vies pour atteindre cet objectif" alors qu'"il y a déjà eu trop de mort". Mohamed Merah, "le tueur au scooter" qui semé l'effroi en France pendant plusieurs jours, avait abattu froidement le parachutiste franco-marocain Imad Ben Ziaten, le 11 mars à Toulouse, puis deux autres parachutistes maghrébins à Montauban, le 15 mars. Lundi, il s'est attaqué à un collège juif de Toulouse, tuant trois enfants et un professeur.