L'un d'entre eux, apparemment pressé de quitter ce monde, s'acharne sur le clavier. Le patron du cybercafé s'en mêle, l'affaire tourne à l'accrochage. Le kamikaze décide de ne pas retarder davantage son "voyage" et actionne le détonateur de sa ceinture explosive. Son compagnon préfère lui fausser compagnie, retire son ceinturon de la mort et quitte les lieux. Il sera arrêté quelques heures plus tard. En l'espace d'une dizaine de jours, deux événements liés au terrorisme se sont produits dans un cybercafé. Le premier, c'est l'arrestation de Saâd Houssaini, l'un des terroristes les plus recherchés de la nébuleuse salafiste. Soupçonné par les services de sécurité d'être le chef de l'aile militaire de l'organisation salafiste, il a été arrêté dans un cybercafé à Casablanca alors qu'il était en train de "chater" avec d'autres jihadistes. Le deuxième événement est celui de l'attentat de Sidi Moumen. Deux projets de kamikazes sont entrés dans un cybercafé pour, très probablement, recevoir de leur hiérarchie les dernières instructions quant au lieu où ils devaient aller se faire exploser. N'arrivant pas à joindre leurs interlocuteurs, leur excitation est montée d'un cran. L'un d'entre eux, apparemment pressé de quitter ce monde, s'acharne sur le clavier. Le patron du cybercafé s'en mêle, l'affaire tourne à l'accrochage. Le kamikaze décide de ne pas retarder davantage son "voyage" et actionne le détonateur de sa ceinture explosive. Son compagnon préfère lui fausser compagnie, retire son ceinturon de la mort et quitte les lieux. Il sera arrêté quelques heures plus tard. Ainsi, dans les deux cas, le cybercafé, qui devait être la première étape d'un long voyage vers le paradis s'est transformé en terminus pour les trois terroristes. Mais, malgré l'appel à la vigilance et à la coopération que les services de sécurité ont lancé aux patrons des cybercafés, ces derniers resteront un passage incontournable pour les membres de la nébuleuse terroriste. Car, dans le cyberespace, tout est accessible. L'idéologie qui sert à l'endoctrinement, les forums qui permettent l'échange d'idées et la prise de contact avec les chercheurs de candidats-kamikazes et la formation. On y retrouve des milliers de pages donnant des informations sur la fabrication d'explosifs ainsi que des sites où l'on peut télécharger des vidéos montrant des terroristes en action où des témoignages de jeunes kamikazes avant leur passage à l'acte. Des images qui ont pour objectif de propulser le jeune dans un monde où il se voit déjà en martyre, en héros d'une fausse cause. Ainsi, l'outil censé être une fenêtre permettant à des centaines de millions de gens de s'ouvrir sur le monde et promouvoir les principes de tolérance et d'acceptation de l'autre a été transformé en outil de promotion de la culture de la haine et de propagation de la terreur. Au début, il y avait des sites wahhabites faisant l'apologie de l'idéologie la plus agressive de l'histoire de l'islamisme ce qui permit à des pseudos imams n'ayant aucune légitimité de s'ériger en idéologues d'une religion dont ils ne maîtrisent même pas les principes élémentaires. Aujourd'hui, ils sont des milliers de prêcheurs de la haine à s'agiter sur le net à la recherche de cibles faciles. Qui les combat sur le plan idéologique ? Malhereusement, personne, pour le moment.