L'Union Européenne a levé l'embargo sur la livraison d'armes aux parties en conflit en Syrie. L'opposition et tous ceux qui détestent, à juste titre, le régime des Assad, jubilent. Sauf que... la belle révolution, celle d'un peuple choisissant la liberté, est définitivement enterrée. Le conflit est confessionnel, totalement confessionnel. L'Iran, pour des raisons stratégiques, a impliqué les milices du Hezbollah et ses propres gardiens de la révolution. Le pauvre George Sabra, Chrétien Syrien progressiste, ancien détenu du régime Assad, est le seul à croire encore en la possibilité d'une Syrie démocratique. L'usage des armes chimiques est une réalité, mais pour les deux camps. Carla Ponti l'a déclaré publiquement, et elle est très crédible sur le sujet. Contrairement à la Libye, la Syrie est un véritable enjeu stratégique. La Russie ne laissera pas tomber un rempart pour l'Iran. Le couple franco-anglais, l'Allemagne étant un nain militaire, va pousser son aide militaire. Seulement de quelle opposition parle-t-on ? La réalité criarde est que les éléments les plus régressifs tiennent le terrain. Les intellectuels de l'opposition à l'étranger ne parlent qu'en leur nom et ils sont rarement d'accord. L'intervention du Hezbollah, organisation terroriste financée par l'Iran, a officialisé le caractère confessionnel de la guerre civile en Syrie. Pour le peuple Syrien, malgré ses 100.000 morts et ses millions de réfugiés, le pire est à venir. Toute la région est appelée à une guerre entre sunnites et chiites et la Syrie est un enjeu principal. Ce pays est une mosaïque de religions qui ont cohabité ensemble pendant des siècles. L'unique solution c'est une Syrie laïque, démocratique, libre. Ceux que l'Union Européenne, c'est-à-dire Paris et Londres, vont armer n'en sont pas convaincus. Cela n'est possible que si dans ces sociétés, dites arabo-musulmanes à tort, l'individu émerge et que la citoyenneté dépasse l'ethnie ou la religion. Par ses interventions intempestives, l'Occident empêche la progression de ce processus depuis des siècles. Et s'ils nous laissaient régler nos problèmes entre nous ? Parce qu'il y a bien un eux et un nous, et que le nous paye le prix de leurs choix. Se débarrasser d'Assad c'est possible par une opération commando. Ils préfèrent que le peuple Syrien offre plus de martyrs et qu'à la sortie, la Syrie soit en situation d'Etat mendiant.