C asablanca a vécu des scènes d'émeutes à l'occasion d'un match de football. Le boulevard Mohammed V a été dévasté, des citoyens ont été blessés alors qu'ils vaquaient à leurs affaires. L'horreur a duré longtemps, parce que le dispositif policier pour encadrer ces faux supporters des FAR était placé à la gare de l'Oasis et qu'ils sont descendus à Casa-voyageurs. Les manquements étaient énormes. « Black Army » association de supporters, souvent impliquée dans des faits semblables, avait annoncé sur les réseaux sociaux sa volonté de « faire vivre aux Casablancais un jour noir ». Des centaines de voyous, armés de manière ostentatoire, ont pris le train sans payer leur ticket. Ce qui aurait dû se passer, c'est que la direction de l'ONCF en informe la police et que le train soit intercepté bien avant Casablanca, puisque le port d'armes blanches est un délit puni par la loi. Les faits sont là. Plus de 180 personnes ont été appréhendées ; en majorité des mineurs. Dans le lot, certains clament leur innocence. C'est à la Justice de faire le tri. Il faut cependant arrêter définitivement de sortir les mouchoirs et d'avoir recours à la psychologie du dimanche, chaque fois qu'un événement sportif se transforme en bataille rangée, ou en scènes de vols et de viols. Ce ne sont pas de « pauvres adolescents désespérés », ce sont des projets de criminels qui s'endurcissent en meutes, avant de devenir des agresseurs en solo. L'urgence c'est de les mettre, tous, hors d'état de nuire et pour longtemps. Car la compassion imbécile, les interventions des présidents de clubs qui veulent éviter les clashs avec ces associations de malfaiteurs a abouti à ce que les peines prononcées, auparavant, soient très légères. Il faut arrêter avec ce petit jeu et infliger des sanctions conformes au droit et à la gravité des faits. Les propriétaires des magasins pillés, des voitures saccagées, les filles molestées, les citoyens violentés, ont droit à une justice qui tienne compte de leur statut de victimes. Bien entendu qu'il faudra, sérieusement, s'attaquer au phénomène plus que visible, criard, de la montée de la violence dans notre société. Il faudra aussi pointer du doigt la démission des parents qui laissent sombrer leurs enfants mineurs dans la délinquance, la faille du système éducatif dans son ensemble, la propagation des psychotropes et tous les phénomènes issus du sous-développement. Mais la misère ne peut constituer un alibi. D'abord parce qu'ils ne sont pas tous dans la précarité. Ensuite, parce que la précarité doit être combattue au nom d'un projet social et non pas par peur des violences ou du terrorisme. Ayant vécu en défenseur des aspirations égalitaires, je m'inscris en faux contre toute forme d'angélisme. La pauvreté n'est pas un passeport pour la délinquance, elle ne justifie en aucun cas ni le hooliganisme, ni les violences gratuites. L'ampleur du phénomène fait que la priorité c'est sévir, rétablir l'ordre, on discutera après. n