Une version commune, d'un partenariat multiforme, dans l'égalité renforcé par le partage des valeurs universelles, c'est ce qui ressort de la visite du Président Français au Maroc. Le faste y était, les symboles aussi. Le Maroc a mis un point d'honneur à ce que la visite d'Etat de François Hollande soit au niveau de la profondeur et de la qualité des rapports entre les deux pays. La réception populaire sur la place Lemaigre Dubreuil est un symbole. L'ancien industriel soutenait l'indépendance marocaine et a été abattu par l'extrême droite française. Le message est simple, Lemaigre-Dubreuil est l'image de la France qui reste dans la mémoire collective. De même que la réception de la communauté française au Lycée Lyautey, renvoie à l'œuvre de ce résident-général qui avait énormément d'estime pour «le Maroc, nation pétrie d'histoire». Le hasard n'est d'ailleurs pour rien dans le lancement, la veille de la visite, du centenaire du port de Casablanca, œuvre du protectorat qui a façonné la métropole. Il n'y a au Maroc, ni exigence de repentance, ni acrimonie, juste une histoire commune assumée, dont le protectorat n'est qu'un épisode de 44 ans. La visite était bien chargée, parce qu'elle devait donner la pleine mesure de la puissance des liens et de la vision de l'avenir commun, dans un espace méditerranéen qui n'a d'autres choix que le développement durable, face à une économie mondiale en mutation et à des enjeux politiques et sécuritaires d'importance. Ceux qui craignaient que l'alternance en France nuise aux rapports entre les deux pays se sont totalement trompés. Ces rapports n'ont ni un caractère personnel, ni passager. Ils sont inscrits dans une vision commune, alimentée à la fois par les intérêts bien compris des deux parties et les relations historiques et humaines entre les deux peuples. Identité de vues Sur le plan politique, les entretiens entre S.M le Roi et le Président Français ont pu mettre en exergue l'accord presque total, des deux chefs d'Etat sur l'ensemble des questions de l'heure. La guerre au Mali, la lutte anti-terroriste en général, la nécessaire stabilité en Afrique, sont des thèmes sur lesquels Paris et Rabat sont sur la même ligne. François Hollande a pu dire solennellement, devant la représentation nationale, le respect de la France pour la construction démocratique marocaine, véritable référence désormais, et le soutien que son pays apporte aux réformes concernant les droits de la femme, le respect des droits de l'homme, les instances de la bonne gouvernance. Il a aussi confirmé la continuité de la diplomatie française dans le soutien au projet d'autonomie pour le règlement définitif du conflit du Sahara. Vingt neuf conventions ont été signées, dont vingt cinq concernant l'économie. Les deux Chefs d'Etat ont donné un signal fort sur leur volonté d'approfondir les relations à ce niveau. La CGEM et le patronat français ont accompagné la visite par une journée d'études autour du thème « de nouvelles coopérations pour un partenariat durable ». Le choix des thèmes n'est pas anodin. On n'est plus dans les déclarations d'intention, mais dans l'étude des pistes d'avenir. Autre choix non fortuit, celui d'entamer la journée par un débat sur l'Afrique et les possibilités de partenariats, d'utiliser le Maroc comme «hub» pour les investissements français. L'urbanisme, l'énergie, les transports urbains ont occupé le reste de la journée, close par une allocution du président français. Le club des chefs d'entreprises France-Maroc a fait une véritable démonstration de sa capacité d'impulsion en étant dans le concret et non pas dans une rhétorique sans lendemain. Parmi les conventions signées par les deux chefs d'Etat, il y en a une qui concerne la culture, les musées plus particulièrement. Les instituts français au Maroc sont le réseau le plus fourni en Afrique. Cela reste en deçà des attentes des francophiles marocains, qui sont nombreux à vouloir offrir au plus grand nombre le contact avec Balzac, Flaubert, Diderot ou Voltaire. Le dernier aspect important, c'est l'attachement de la France, dans le cadre de sa vision de l'Espace méditerranéen à l'intégration régionale, au grand Maghreb. C'est une nécessité économique, sociale, politique, historique. Le blocage n'est pas à Rabat, il est chez nos voisins de l'Est, qui continuent à penser que la rente pétrolière les immunise contre tout.