Les exportateurs alertent sur la situation qui prévaut dans leur secteur d'activité très impacté par la crise sanitaire. Ils appellent à mener une réflexion visant à adapter le dynamisme économique du Maroc aux nouvelles exigences du commerce international. Le secteur exportateur va mal. Et l'ASMEX (Association marocaine des exportateurs) alerte sur la situation. La corporation, suite à une récente réunion en visioconférence de son comité de veille, fait savoir que plusieurs secteurs sont à l'arrêt en raison notamment de la demande en Europe, principal marché des exportations nationales. « La demande reste néanmoins soutenue sur les USA, notamment à travers les grandes surfaces et la vente en ligne. Les secteurs des BTP, l'automobile, l'industrie électrique et mécanique et le textile sont à l'arrêt. Les industriels du fast-fashion essaient de compenser leurs pertes par la production de masques subventionnés par l'Etat mais cela est loin d'éponger les dégâts de la pandémie sur le secteur », indique l'ASMEX, ajoutant que seuls les secteurs des produits alimentaires et des produits de la mer semblent tirer leur épingle du jeu, même s'il y a des restrictions pour donner la priorité au marché local. Lire aussi: Approvisionnement du marché: La commission interministérielle veille au grain Les exportateurs font savoir aussi que ce contexte défavorable, est accentué par l'augmentation du taux de changes du Dirham face à l'Euro et le Dollar sans qu'aucune décision ne soit prise à cet effet par la Banque Centrale. « Plusieurs faillites sont à prévoir dans les jours qui viennent si des mesures concrètes et spécifiques au secteur ne sont pas prises d'urgence », déplore Hassan Sentissi Idrissi, président de l'ASMEX. L'association va plus loin en soulignant que les entreprises ont de plus en plus de mal à maintenir leurs emplois, les retards de paiement des clients perturbent significativement leur trésorerie et l'accès au financement et à l'assurance est de plus en plus compliqué. « Les aides mises en place par l'Etat, bien qu'elles soient encourageantes, sont loin d'être suffisantes et les banques restent frileuses en matière de financement (trésorerie, matières premières …) et de couverture des risques pour soutenir les exportateurs, notamment les PME et les TPE », poursuit l'ASMEX. Pour le président de l'association, le problème de l'export ne semble pas préoccuper les autorités publiques. « Il est vraiment dommageable de ne pas intégrer l'ASMEX dans le Comité de Veille Economique afin de prendre en considération les contraintes particulières des exportateurs telles que les turbulences et les coûts logistiques, le risque de changes, le financement, l'assurance… Nous avons envoyé plusieurs courriers aux ministères de l'Economie et des Finances, du Commerce et de l'Industrie et à la primature pour rétablir la situation, nous attendons leur réponse », précise Hassan Sentissi Idrissi. L'ASMEX appelle ainsi à une réflexion stratégique pour adapter le dynamisme économique du Maroc aux nouvelles exigences du commerce international. On apprend qu'à ce titre, l'ASMEX a créé un groupe de travail et a mis en place les dispositifs nécessaires pour assurer le suivi de la situation dans le secteur et s'inscrit en tant que cellule de veille et force de proposition pour le gouvernement pour prévenir les impacts du Covid-19 et préparer la sortie de crise. Plusieurs mesures ont été mises en avant et des réunions sont sollicitées avec Bank Al Maghrib, le GPBM, les assurances, la Caisse Centrale de Garantie et différents partenaires et des visioconférences par thématiques sont prévues avec la participation des partenaires de l'administration et des institutions publiques pour sortir avec des recommandations et des réponses urgentes qui permettront d'accompagner le secteur et de recenser des opportunités à saisir pour sortir de la crise avec un minimum de dégâts.