Décidément, la nouvelle loi N° 85-18 relative au microcrédit ne viendra pas, comme espéré, donner du tonus aux activités de microcrédit dès 2019. Il suffit de jeter un coup d'œil sur la performance un peu atone du leader incontesté du secteur, à fin août 2019, pour s'en rendre compte. Al Amana, qui revendique 40% de parts de marché en termes d'encours de crédit distribués par l'ensemble des AMF (Association de Micro-Finance), a vu sa production au titre des huit premiers mois de l'année en cours baisser de 5% pour s'établir à 1,62 milliard de dirhams. Un repli qui n'a pas manqué de se traduire, au passage, par une légère baisse de l'encours de l'association dirigée par Youssef Bencheqroun (une première depuis plusieurs années !), qui s'est établi à 2,6 milliards de dirhams. Mais quel rapport avec la loi N° 85-18 ? Ce nouveau texte réglementaire est venu multiplier par trois le plafond de crédit distribué par client par les AMF (soit en le hissant à 150.000 dirhams), dont l'encours effectif moyen par client se situe aujourd'hui à peine entre 7 et 8 mille dirhams. Toutefois, l'absence de textes d'application pour une bonne partie de l'année 2019 (publiés au bulletin officiel il y a quelques semaines) a non seulement desservi cette année déjà compliquée pour toute la place bancaire, mais a aussi intimé les AMF à être dans l'expectative. Car, toute hausse significative des encours de crédit requiert une hausse à due concurrence des fonds propres des établissements préteurs (les AMF n'échappant pas aux règles prudentielles édictées par Bank Al-Maghrib). Lire aussi : Le Conseil de gouvernement fixe le montant maximal des microcrédits Cela explique que ces organismes serrent davantage les vis de la sélection des dossiers pour laisser une certaine marge de manœuvre dans leurs fonds propres réglementaires devant être «consommés » par une nouvelle catégorie de clientèles (à savoir des TPE dont les besoins dépassent l'ancien plafond de 50.000 dirhams, mais qui sont actuellement mal servies auprès des banques traditionnelles). Au demeurant, si la nouvelle loi de microcrédit n'est pas suivie par un renforcement de fonds propres des AMF, son objectif d'une meilleure inclusion financière risque d'être sérieusement contrarié (en faisant peut-être plus d'exclus parmi les plus vulnérables que de nouveaux inclus).