Avec le développement d'Internet et des technologies de réception satellite, les marocains (et plus généralement les maghrébins) ont un regard de plus en plus attentif sur le monde. Un intérêt réciproque, puisque les chaînes internationales d'information lorgnent de plus en plus le Royaume et la région. Avec le printemps arabe et les différents évènements qui ont marqué la région ces derniers mois, les chaines d'information internationales cherchent à renforcer leur présence dans la région. « L'Afrique du Nord a toujours été une région importante pour nous. Nous continuons à nous y développer et à y apporter les ressources nécessaires pour améliorer notre présence dans cette région. Cette région est spéciale car elle jouit de plusieurs identités : Arabe, berbère, méditerranéenne et africaine. Si nous pouvons continuer à mettre en évidence les différences, mais aussi les similarités de cette région avec le reste de l'Afrique, cela ne peut être qu'une bonne chose », confirme Vladimir Duthiers, correspondant de CNN International à Lagos, au Nigéria. Le groupe de média qui revendique « la meilleure couverture du continent africain » a lancé dernièrement une campagne de communication au Maroc. Il a aussi, à plusieurs reprises, mis en avant les différentes réformes et les avancées réalisées par le Royaume en comparaison aux pays de la région. Un intérêt grandissant pour le Maghreb Un intérêt dont d'autres médias américains, aussi, ont témoigné dernièrement. Mais qu'est-ce qui intéresse le public américain dans l'actualité marocaine et maghrébine ? « Les Américains sont intéressés par les infos qui ont un lien avec leur quotidien », explique le reporter. Or, depuis le 11 septembre, une bonne partie d'entre eux est attentive à l'évolution de la situation dans le monde arabo-musulman. Mais pour les journalistes de CNN international, qui délivrent de l'information dans les quatre coins du globe (contrairement à la chaîne domestique CNN, limitée au territoire américain), les centres d'intérêts sont différents. « Personnellement, si j'avais à couvrir cette région, je serais intéressé par les succès qui ont été réalisés au Maroc et pas dans les pays voisins. Je chercherais à comprendre pourquoi le Maroc est considéré comme un leader dans cette région et pourquoi il est difficile pour les autres pays de suivre le modèle marocain. C'est un aspect intéressant que j'aurais aimé explorer », affirme Vladimir Duthiers. Une forte présence sur le continent CNN International affiche clairement son intérêt pour l'actualité africaine. Elle revendique la plus forte présence dans le continent. « L'époque où les reporters venaient en Afrique pour chercher des histoires exotiques à ramener dans leurs pays est révolue aujourd'hui. Nous avons toujours vu l'Afrique comme un continent en pleine croissance et en plein développement. Tout le continent est en train d'avancer vers plus de démocratie, des marchés plus ouverts, etc. L'Afrique et ses populations ont toujours été importants pour nous. Nous avons commencé notre premier programme sur l'Afrique il y a 13 ans ». Pourtant la chaîne n'y possède que trois bureaux, à Lagos (Nigéria), Nairobi (Kenya) et Johannesbourg (Afrique du Sud). « Le domaine de l'information a beaucoup changé durant les vingt dernières années. Nous n'avons pas besoin de mettre un bureau dans chaque pays. Nous disposons de trois bases en Afrique, à partir desquelles nous pouvons couvrir tout le continent », assure le reporter. La chaîne dispose en effet d'un large réseau de correspondants dans différents pays, ainsi que d'un certain nombre de médias locaux affiliés, avec lesquels elle a noué des partenariats. Elle produit et diffuse aussi trois programmes dédiés au continent africain. Vladimir Duthiers a rejoint CNN International en 2009, après une vingtaine d'années passées dans le monde de la finance. « Depuis l'université, je voulais devenir journaliste, mais je ne savais pas comment m'y prendre. J'ai travaillé dans la finance et cela a été une bonne expérience. J'ai voyagé autour du monde et j'ai appris beaucoup de choses ». Une expérience qui lui a servi à une meilleure compréhension de ce qui se passe dans les différentes régions du monde. « Si j'avais commencé le journalisme à l'âge de 23 ans, je ne pense pas que je porterais le même regard sur le métier que celui que j'ai aujourd'hui ». En 2010, il couvre le séisme en Haïti. Une expérience éprouvante tant par la dureté des images sur place qu'à cause de ses racines Haïtiennes. Il couvre par la suite les évènements au Nigéria en 2012. Grâce à sa connaissance du continent, il est par la suite nommé correspondant de la chaîne à Lagos, d'où il couvre l'Afrique de l'Ouest.