A compter du 1er janvier, 2019, Sisal Group, une entreprise italienne spécialisée dans les jeux et services de paiement, a été retenue, pour une durée de 10 ans pour développer les opérations de la Société de gestion de la loterie nationale (SGNL). Une implantation qui intervient, selon le journal LesEchos.ma, après que Sisal ait remporté, mais à quel prix, le dernier appel d'offres de la loterie nationale auquel ont participé l'opérateur grec Intralot dont le contrat avec la SGNL arrive à échéance et la Société royale d'encouragement du cheval (Sorec). En dépit de la grosse campagne médiatique menée par Sisal depuis quelques semaines pour communiquer autour de son entrée au Maroc, des doutes sérieux planent sur les conditions d'octroi de ce marché à l'opérateur historique italien de la loterie. D'autant plus qu'une simple revue de l'histoire commerciale et entrepreneuriale du groupe, montre qu'il a été, depuis 2000, au centre de plusieurs scandales financiers, indique, le journal dans un dossier spécial élaboré à ce sujet. En creusant autour de Sisal, de la SGLN et des conditions d'octroi du marché, on se trouve d'emblée confronté au premier élément qui intrigue : la modification de l'appel d'offres émis par la SGLN en juillet 2017 et modifié en novembre de la même année. Et si Sisal affirme ne pas être au courant de cette modification, ce qui est en revanche certain, c'est qu'au niveau des cahiers de prescriptions spéciales et techniques de l'appel d'offres, plusieurs passages ont été modifiés, d'autres ont été carrément supprimés pour servir des desseins précis, tient à préciser le journal. Et de rappeler que l'expression ‘'dispose du Monopole de l'Etat'', a été supprimée, alors que la SGLN ne peut en aucun cas prétendre au monopole de l'Etat, puisque d'autres opérateurs exercent à ses côtés sur le marché des jeux au Maroc. De même pour l'alinéa stipule que ‘'La MDJS n'est pas habilitée à opérer de jeux de loterie, de tirage ou de grattage, ni les jeux numériques virtuels ou jeux numériques interactifs''. Dans son appel d'offres, la SGLN s'est fixée d'ambitieux objectifs: choisir un opérateur de renommée mondiale pour pouvoir atteindre les objectifs prévisionnels de son plan stratégique 2017-2022, sur la base d'un taux de retour au joueur (TRJ) moyen de 62%. Un taux supérieur à ce qui est permis par la loi, qui stipule que ‘'le montant des lots est fixé à 60% de chaque émission''. Or, lors de la campagne de communication de Sisal, les médias ont fait état de l'ambition du groupe de ‘'faire passer le TRJ de 50% à 70%''. Les ambitions démesurées du groupe pour le Maroc, sème en effet le doute sur ses performances et sa notoriété au niveau international. Le groupe, révèle le journal, a été depuis 2000, au cœur de plusieurs scandales financiers en rapport avec le fisc italien. En 2001, les anciens dirigeants de Sisal ont été condamnés à 20 mois de prison ferme pour fausses facturations. Une enquête remontant à plus de 20 ans, qui a débouché sur l'inculpation de l'ex-président et de l'administrateur délégué de l'époque. De même, en 2013, la société a été poursuivie par la Cour des comptes italienne après une enquête ayant visé de nombreux acteurs, pour une fraude perpétrée dans les années 2000, via ses machines AWP et VLT. Par ailleurs, le 7 décembre 2017, rappelle LesEchos.ma, la société Sisal a été condamnée, par le Tribunal de Milan, à payer 12.000 euros pour ‘'résolution contractuelle illégitime'' (contrat de machines de jeu AWP/VLT dans un point de vente). Les déboires de Sisal, n'en finissent pas. Son dirigeant, Emilio Petrone, a été soupçonné à deux reprises, depuis 2008, de collusion entre le pouvoir politique et la sphère privée. Dans le cadre de perquisitions menées en 2012, par le Parquet de Milan, des emails ont été retrouvés mettant en évidence, selon le journal qui cite des médias italiens, les liens entre Emilio Petrone et Silvio Berlusconi via la société de ce dernier, Mediaset qui représente le plus important opérateur TV en Italie, puisqu'il rassemble 55% des investissements TV''. Et pour couronner le tout, le groupe italien de jeux de hasard a annoncé le retrait de son projet d'introduction en Bourse, arguant des conditions de marché défavorables, en Italie comme à l'étranger. Notons enfin que parmi les principes fondamentaux de la stratégie de développement de la loterie nationale, existe le respect des exigences du jeu responsable, destiné à un public majeur, à travers, notamment, la diffusion de messages de sensibilisation rappelant que le jeu doit relever du divertissement et n'a pas vocation à constituer une alternative au travail , étant précisé que la SGLN justifie de certifications de conformité aux exigences les plus élevées de jeu responsable établies, respectivement, par la World Lottery Assocation et les European Lotteries. Or, en octobre dernier, la société a lancé sur sa page Facebook une publicité pour un concours intitulé ‘'Double ton salaire''. Pourtant, la SGLN est certifiée ‘'jeu responsable'' depuis 2017 auprès des Loteries européennes (EL) et est aux standards ‘'Jeu responsable'' de l'Association mondiale de loterie (WLA). Elle devrait donc se conformer aux standards mondiaux de la loterie.