Le chef du gouvernement ne veut pas des socialistes de l'USFP dans son équipe, quand le secrétaire général du RNI, Aziz Akhannouch, refuse d'y siéger sans eux. Qui aura le dernier mot ? « Il a voulu jouer au superman qui n'a besoin de personne et il est en train de le payer », ricane, un brin sardonique, un responsable de l'Union socialiste des forces populaires (USFP). « Il », c'est Abdelilah Benkirane, qui s'efforce de former un gouvernement depuis bientôt cinq mois sans y arriver. Et pour cause : il ne veut pas de l'USFP dans son équipe. Mais celui qu'il a choisi comme principal allié, Aziz Akhannouch, en fait la condition sine qua non pour siéger dans sa nouvelle équipe… Jamais sans l'USFP ! Samedi 4 mars, le secrétaire général du Rassemblement national des indépendants (RNI) a encore frappé en assurant qu'il ne mettrait pas les pieds dans le gouvernement de Benkirane sans l'USFP. « Notre position est claire et inchangée : nous voulons un gouvernement fort et une majorité confortable de 240 sièges », a-t-il déclaré devant les membres de son parti réunis à Ifrane, au centre du Maroc. Deux jours avant, devant le Conseil national de son parti, Abdelilah Benkirane avait répété qu'il ne formerait pas de gouvernement en dehors de la majorité actuelle (qui n'inclut pas l'USFP). Il a été longuement applaudi par la foule qui lui a renouvelé sa confiance. Les membres du PJD sont nombreux à se dire victimes d'une campagne menée par l' « Etat parallèle », qu'ils appellent le « tahakoum ». Ils ont mal digéré l'élection du socialiste Habib El Malki à la tête du Parlement alors même que le gouvernement n'est pas encore formé et estiment avoir fait « assez de concessions » dans l'intérêt du pays. « Il ne faut pas croire ce qu'ils disent !», répond un membre de l'USFP. « Abdelilah Benkirane n'a pas été correct avec nous dès le début. Il a voulu utiliser l'USFP comme un épouvantail pour faire peur à ce qu'il appelle le « tahakoum ». Nous avons compris son jeu et lui avons demandé de nous présenter son programme gouvernemental avant d'accepter de siéger avec lui. Il nous en a voulu et nous a rayé de sa liste », confie-t-il. M6 à la rescousse Bref, c'est à celui qui aura le dernier mot. Un bras de fer qui ne passionne plus les Marocains, occupés à compter les dégâts des récentes intempéries ou à commenter le dernier look royal. Cela fait dix jours que Mohammed VI est à Abidjan, alternant activités officielles et vacances. Son retour au Maroc n'a pas encore été officiellement annoncé. Pris à la gorge par Akhannouch, Abdelilah Benkirane a déclaré qu'il attendrait son retour pour « lui présenter son gouvernement ou, si tel n'est pas le cas, [qu'il le] lui notifierait ». Rendez-vous au prochain épisode.