L'expression « Intaha lkalam » (fini le dialogue) du chef du gouvernement désigné Abdelilah Benkirane à l'endroit du président du Rassemblement national des indépendants (RNI) Aziz Akhannouch, sonne le glas des consultations, négociations, tractations, manœuvres, faux bonds, qui ont caractérisé ces derniers mois la situation de blocage politique dans laquelle s'est installée le pays depuis le scrutin législatif du 7 octobre dernier. « Intaha lkalam », « intahate al hokouma », diront certains. Place à l'incertitude. Jamais, le Maroc n'aura connu une telle situation de crise provoquée par des sautes d'humeur de certaines élites politiques à la chasse de maroquins avec des méthodes qui frisent la mendicité. Pour y arriver, elles n'hésitent pas à fouler aux pied la volonté du peuple et en particulier des électeurs qui croyaient avoir dit leur dernier mot lors des dernières élections. Mais c'était sans compter sur l'appétit des partis qui s'aiguisait au fur et à mesure des tractations en vue de la formation du gouvernement, entrecoupées de temps à autres, par l'absence, hors du pays, de certains protagonistes pour ne pas dire du principal protagoniste Aziz Akhannouch qui, tel une météore, a atterri sur la planète Benkirane. Que d'aucuns comme Hamid Chabat de l'Istiqlal parlent de « tahakkoum » en voyant ce nouveau président du parti de la Colombe faire la pluie et le beau temps, ou que d'autres, y compris Benkirane, estiment que sa présence apporte une valeur ajoutée au prochain gouvernement, le fait est que cet atterrissage ou amerrissage d'Akhannouch a provoqué plus de dégâts que de bien. Alors que l'on s'acheminait finalement vers la formation de ce fameux gouvernement avec une reconduction de la majorité dans l'ancienne équipe, y compris le RNI, le voila (Akhannouch) qui continue à chercher la petite bête à un Benkirane, déjà tétanisé et « humilié » par la perte de son allié Chabat et son parti l'Istiqlal, chassés comme des malpropres de l'hypothétique nouvelle équipe. Le deal passé entre Benkirane et Akhannouch était- du moins c'est ce que tout le monde croyait- que le premier accepte de se défaire de l'Istiqlal, et que le second de son allié l'Union constitutionnelle qui voulait, lui aussi, faire partie de l'architecture gouvernementale. Le début de semaine qui commence ce lundi, devait ainsi être décisif dans la formation de ce gouvernement, mais Akhannouch a persisté dans son refus d'y siéger sans son allié l'UC allant jusqu'à rajouter une formation vis-à-vis de laquelle, Benkirane avait déjà tranché, en l'occurrence l'Union socialiste des forces populaires (USFP). Pour le chef du gouvernement désigné, la coupe est pleine, donc point de négociations avec Akhannouch qu'il a réussi, un tant soit peut, à faire descende de son piédestal. Dans la foulée, le bouillonnant et imprévisible Benkirane a « descendu » également Mhand Laensar du Mouvement populaire dont les tergiversations et les changements de veste ont agacé plus d'un. Résultat, Benkirane s'est fâché, et le Maroc privé d'un gouvernement jusqu'à nouvel ordre. Pour ceux qui affirment que les choses marchent avec ou sans gouvernement, ils se trompent car pour faire marcher une économie, il faut des signatures, et pour qu'un pays fonctionne normalement il faut une Loi de finances qui apparemment continuera de moisir dans les tiroirs des honorables députés. « Intaha lkalam, intahate al hokouma ». Point de dialogue, point de gouvernement.