Les tractations à n'en pas finir pour la formation du nouveau gouvernement, trois mois après le verdict des urnes, se poursuivent et se ressemblent, et face à cette situation de blocage, un sentiment de lassitude, somme toute légitime, s'est emparé de ceux qui ont pris la peine de se déplacer pour voter le 7 octobre dernier. En regardant ces va-et-vient chez le chef du gouvernement désigné, Abdelilah Benkirane, qui, comme tout le monde l'a constaté a pris du poids, beaucoup de poids à force de se cloîtrer chez lui en « congé payé », les marocains découvrent à quel point ils sont « respectés » par leurs élites politiques. Mais ces va-et-vient nous renseignent au moins sur une chose évidente: la place qu'occupe le président du Rassemblement national des indépendants (RNI) Aziz Akhannouch, par ailleurs ministre de l'agriculture dans le gouvernement sortant, sur la scène politique et son poids, au sens propre et figuré, sur la formation du gouvernement. Cet homme qui incarnait « tahakkoum » et qui faisait chanter Si Benkirane, comme l'a, à maintes fois, reconnu ce dernier, a réussi à s'imposer alors qu'au lendemain du scrutin, il était lui et son parti, exclus de l'architecture du futur gouvernement. Cependant, tel un troisième larron, il a de manière subtile fini par bouter hors du gouvernement en construction un « allié » de Benkirane, en l'occurrence, le secrétaire général du parti de l'Istiqlal Hamid Chabat. Mais force est de reconnaître que ce dernier l'a bien cherché et ne peut qu'en vouloir à lui-même…et à sa langue, comme disent les marocains. En effet, en allant puiser dans l'histoire, il s'est fait piéger par ses propos sur la Mauritanie dont il conteste « dans un contexte historique », l'intégrité territoriale. Des propos bien évidemment très bien accueillis par Akhannouch qui a fait de l'absence de Chabat ou de son parti au prochain gouvernement, une condition sine qua non pour sa participation à la nouvelle équipe gouvernementale. A présent, et après les dernières tractations, il apparaît clairement que Benkirane se passera de son « allié » l'Istiqlal, et devrait s'entourer des partis qui constituaient la majorité dans l'ancienne gouvernement, y compris l'outsider le RNI. ce retour à la case départ en quelque sorte, n'aurait pas pu avoir lieu sans la présence de cet homme d'affaires qu'est Akhannouch qui, le moins que l'on puisse dire, fait la pluie et le beau temps. Dorénavant, il va falloir composer avec lui car quand cet homme propose, cet homme dispose, quoi qu'en pense et dise Benkirane.