En lien avec des récoltes en berne et une sécheresse implacable, le prix de l'huile d'olive atteint des sommets vertigineux, rendant cette denrée essentielle inaccessible à une large portion de la population. Paradoxalement, les exportations vers l'Union européenne continuent de croître, accentuant le fossé entre les profits d'un secteur privilégié et la détresse des citoyens marocains. Dans cette configuration, le gouvernement d'Akhannouch semble plus préoccupé par les exigences du marché international que par la souveraineté alimentaire et la protection du pouvoir d'achat de ses concitoyens, laissant ainsi se creuser une fracture sociale aux conséquences de plus en plus dramatiques. La récolte s'amenuise, les prix s'affolent, mais les exportations prospèrent. Dans un marché fragilisé par la sécheresse, le Maroc expédie de plus en plus d'huile d'olive vers l'Union européenne, tandis que les consommateurs subissent une envolée des prix sans précédent. Entre impératifs économiques et désarroi des ménages, la stratégie du gouvernement soulève interrogations et critiques. Selon les dernières données de la Commission européenne, le Maroc a exporté 841 tonnes d'huile d'olive vers l'Europe en octobre et novembre 2024, contre 553 tonnes sur la même période l'an dernier. Ce bond des exportations intervient alors que la production nationale est en net recul : estimée à 90 000 tonnes pour la campagne en cours, elle reste bien inférieure aux 145 000 tonnes enregistrées en 2019-2020. Les exportations marocaines d'huile d'olive ont connu une progression remarquable de 52,08 % entre les mois d'octobre et novembre 2023 et 2024, dans un contexte de pénurie croissante sur le marché intérieur, où les prix atteignent des niveaux record, dépassant les 110 dirhams le litre. Ce paradoxe souligne une dynamique économique complexe : alors que les producteurs marocains profitent des marchés extérieurs, notamment en Europe, la demande locale peine à être satisfaite, exacerbant les tensions sur le pouvoir d'achat des citoyens marocains. Le secteur oléicole, frappé par la sécheresse, se trouve pris dans une contradiction entre rentabilité et accessibilité, laissant entrevoir des défis à la fois économiques et sociaux pour l'avenir. Si la rareté du produit sur le marché local contribue à cette flambée des prix, la progression des exportations vers l'Europe alimente les critiques. Les producteurs, attirés par des débouchés plus rémunérateurs à l'international, privilégient les expéditions vers les grandes places européennes, où la demande reste soutenue malgré un repli général des importations de l'UE. Cette logique commerciale, qui favorise les revenus du secteur, accentue la pression sur les ménages marocains, contraints de payer leur huile d'olive au prix fort. Dans les campagnes, la crise actuelle révèle un tournant dans la culture oléicole marocaine. Face aux contraintes climatiques, de nombreux agriculteurs se tournent vers des variétés étrangères, plus adaptées à l'irrigation localisée et offrant une productivité supérieure aux cultivars traditionnels. Mais cette évolution ne suffit pas à pallier les conséquences, devenues structurelles, du stress hydrique et les années de sécheresse successives, lesquelles mettent en péril la viabilité même de l'oliveraie marocaine. Le gouvernement d'Aziz Akhannouch pense uniquement en termes des rentrées en devises au prix d'une tension accrue sur le marché local. Pendant ce temps, sur les marchés, l'huile d'olive devient un luxe, creusant encore un peu plus le fossé entre la production nationale et le pouvoir d'achat des Marocains.