Alors que le prix de l'huile d'olive au Maroc a atteint des niveaux record en raison de la sécheresse qui frappe le pays, dépassant les 110 dirhams par litre, le marché de l'export se porte plutôt bien. Selon les données récentes de la Commission européenne, les exportations marocaines d'huile d'olive vers l'Union européenne ont enregistré une hausse notable au début de la campagne 2024/2025. Entre octobre et novembre, elles ont atteint 841 tonnes, contre 553 tonnes durant la même période de l'année précédente. Dans son rapport consulté par Hespress FR, la Commission européenne souligne que cette dynamique ne se limite pas à l'huile d'olive. Les exportations marocaines d'olives vers l'UE se sont maintenues à un niveau stable, atteignant environ 12.000 tonnes entre septembre et novembre, un volume similaire à celui enregistré durant la même période de la campagne 2023/2024. Dans un contexte plus large, la Commission européenne relève une baisse générale des importations européennes d'huile d'olive. Sur les deux premiers mois de la campagne 2024/2025, celles-ci ont chuté de 31,4 %, passant de 27.397 tonnes à 18.802 tonnes. Une production en baisse au Maroc Si les exportations marocaines progressent, la production nationale, elle, continue de s'effriter. Dans ce sens, la Commission européenne anticipe une nouvelle baisse pour la campagne 2024/2025, avec une production estimée à 90.000 tonnes, contre 106.000 tonnes la saison précédente et 145.000 tonnes en 2019/2020. Une tendance qui reflète les difficultés croissantes rencontrées par la filière. En parallèle, la production mondiale hors Union européenne connaît un essor significatif, enregistrant une hausse de 36 % pour la campagne 2024/2025. La Tunisie, en particulier, affiche une progression impressionnante de 55 %, avec une production passant de 220.000 tonnes en 2023/2024 à 340.000 tonnes cette saison. La Turquie, quant à elle, réalise une percée spectaculaire avec une augmentation de 109 %, atteignant 450.000 tonnes contre 215.000 tonnes l'année précédente. En Europe, la production totale d'huile d'olive devrait progresser de 30 % par rapport aux deux campagnes précédentes, passant de 1,531 million de tonnes à 1,989 million de tonnes en 2024/2025. L'Espagne, premier producteur européen, enregistrerait une hausse de 51 %, avec une production passant de 854.000 tonnes à 1,29 million de tonnes. Une crise hydrique qui pèse lourd sur le secteur Au Maroc, la chute de la production s'explique essentiellement par la sécheresse persistante qui affecte le pays depuis plusieurs années. Ce déficit hydrique a des conséquences directes sur la productivité des oliviers, entraînant une flambée des prix sur le marché local. Fin 2023, le litre d'huile d'olive a dépassé la barre des 100 dirhams, et cette hausse continue en 2024. Les professionnels du secteur pointent ainsi du doigt la gravité de la crise hydrique. Rachid Benali, président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural, avait déjà alerté auprès de Hespress, sur l'impact dramatique de la sécheresse sur les cultures. Il expliquait que l'olivier, pilier de l'agriculture marocaine, souffre d'un manque criant d'eau d'irrigation, aggravé par la succession de vagues de chaleur intenses. Même les pluies tardives et les orages de l'automne n'ont pas suffi à inverser la tendance. Face à cette crise, de nombreux agriculteurs marocains adaptent leurs stratégies et misent sur des variétés d'oliviers plus productives et résistantes. Par exemple, les variétés espagnoles Arbosana et Arbequina gagnent du terrain sur la traditionnelle Picholine marocaine. Ces nouvelles variétés présentent des atouts majeurs. Selon les professionnels, elles offrent un rendement supérieur et sont particulièrement adaptées à l'irrigation au goutte-à-goutte, un mode de culture crucial en période de sécheresse. Les exploitations adoptant ces variétés peuvent également augmenter la densité de plantation par hectare, optimisant ainsi la production. Selon les experts interrogés, cette transition vers des variétés étrangères pourrait redonner un souffle à la filière oléicole marocaine, aujourd'hui confrontée à une double pression à savoir les aléas climatiques et la concurrence accrue sur le marché international.