La construction d'une nouvelle route qui relie le Maroc à la Mauritanie à travers le Sahara marque une étape supplémentaire dans le développement des infrastructures régionales. Ce projet, qui devrait faciliter le transport des marchandises entre l'Afrique du Nord et le Sahel, entre dans une logique de coopération économique élargie entre Rabat et Nouakchott. «La "stricte neutralité" de la Mauritanie, affirmée depuis 1979, ne signifie pas que nous renoncions à nos intérêts nationaux», souligne Ahmedou Ould-Abdallah, ancien ministre mauritanien des affaires étrangères et expert des questions sahéliennes dans un mini-entretien accordé à Radio France internationale (RFI, station de radio publique française). L'axe en construction offrira une alternative à la route côtière existante qui longe l'Atlantique et passe par Guerguerat. En ouvrant une voie plus directe à travers le désert, il permettra de raccourcir les distances et de confortera le rôle de la Mauritanie comme carrefour commercial entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Le projet intervient dans un contexte régional marqué par de nouvelles fluctuations économiques, notamment la volonté du Maroc d'accroître ses échanges avec l'Afrique de l'Ouest et ancrer les liens entre la Mauritanie et ses voisins sahéliens. Une liaison maritime entre Dakhla et Dakar est également à l'étude, illustrant la volonté des acteurs régionaux de multiplier leurs routes commerciales. Nouakchott, selon l'ancien diplomate, rappelle son attachement à une posture équilibrée entre Rabat et Alger. «La Mauritanie n'est pas partie prenante au conflit du Sahara et nous devons être laissés en dehors de cette situation», insiste Ahmedou Ould Abdallah, qui était représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest et président de la commission mixte Cameroun-Nigéria. Dans un contexte de tensions entre certains pays du Sahel et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), cette route pourrait également favoriser l'intégration économique des Etats enclavés en leur offrant un accès plus sûr aux marchés du nord du continent.