Le vaste projet d'exportation d'hydrogène vert et d'ammoniac prend forme à Dakhla et suscite un intérêt croissant de la part des acteurs industriels et financiers. Tom Hanson, président de Dahamco, membre de la coopération interentreprises de ce chantier, a indiqué que la première phase de ce programme, prévue pour 2031, devrait produire près d'un million de tonnes par an et nécessiter un investissement d'environ 4,04 milliards de dollars. Des phases supplémentaires seraient mises en service à des intervalles de quatre à cinq ans, portant la valeur totale du projet à quelque 25 milliards de dollars. La presse marocaine évoque un lancement imminent bien que les autorités n'aient pas encore précisé de calendrier officiel. L'ensemble de la production sera destiné à l'exportation, principalement vers le complexe portuaire Amsterdam-Rotterdam-Anvers où l'hydrogène et l'ammoniac verts seront utilisés dans l'industrie et le transport maritime. Le consortium à l'origine de ce projet réunit des investisseurs marocains et internationaux, dont TAQA Morocco – filiale du groupe émirati TAQA –, le fonds danois AP Moller Capital ainsi que les entreprises marocaines Dahamco, Ornx Boujdour et le groupe OCP, géant du phosphate. L'essor de l'hydrogène vert au Maroc se confirme par d'autres annonces récentes. La semaine dernière, KGAL Investment Management et la banque allemande KfW ont accordé une subvention de 30 millions d'euros au projet Jorf Hydrogen Platform, porté par INNOVX's Hydrojeel, après une sélection parmi 98 propositions venues de sept pays dans le cadre du PtX Development Fund. Décarbonation en vigueur Parallèlement, un protocole d'accord a été signé entre GE Vernova, l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) et le producteur d'électricité Nareva afin d'étudier l'injection d'hydrogène vert dans les turbines à gaz de la centrale électrique de Laâyoune, une avancée qui pourrait accélérer la décarbonation du secteur énergétique marocain. Selon l'Agence internationale de l'énergie, le Maroc, les Emirats arabes unis et Oman devraient dépasser leurs prévisions de production d'hydrogène pour 2030. La stratégie nationale marocaine repose sur trois axes : d'ici 2030, l'hydrogène vert servira principalement à la production locale d'ammoniac et à l'exportation vers des pays en quête de solutions de décarbonation ; entre 2030 et 2040, l'essor des carburants synthétiques et la baisse des coûts de production favoriseront une expansion du marché, tandis que l'hydrogène deviendra un vecteur de stockage d'énergie et un carburant pour les transports ; à plus long terme, à l'horizon 2040-2050, le Maroc ambitionne d'intégrer pleinement le commerce mondial de l'hydrogène, tout en développant son usage industriel et résidentiel.