Dans un rapport récemment publié, la Banque mondiale exhorte le Maroc «à accélérer ses investissements dans les infrastructures hydriques face à des défis économiques et environnementaux croissants.» L'institution souligne que la raréfaction des ressources en eau, accentuée par les changements climatiques, «menace directement la production agricole et la sécurité alimentaire du pays.» Publié dans le cadre de la série Perspectives économiques mondiales, ce rapport met en exergue la gravité du stress hydrique au Maroc et en Tunisie, considérant cette contrainte comme l'un des principaux obstacles au développement économique et environnemental de la région. Il préconise ainsi «une approche combinant des politiques d'adaptation et des investissements dans des technologies agricoles innovantes afin d'atténuer ces effets et de renforcer la résilience du secteur.» L'étude met également en avant l'importance des énergies renouvelables, citant notamment le complexe solaire Noor comme un levier stratégique pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et atteindre les objectifs de développement durable. La Banque mondiale insiste, en outre, sur la nécessité «de soutenir la coopération régionale et internationale en matière de gestion des ressources en eau et de transfert technologique afin d'améliorer la capacité des pays concernés à faire face aux défis climatiques.» Au-delà des questions environnementales, le rapport insiste sur l'urgence d'enrichir le capital humain et d'une meilleure intégration sur le marché du travail, des éléments jugés essentiels pour stimuler la croissance économique et favoriser le développement social. Un contexte régional marqué par des turbulences économiques Sur le plan régional, la Banque mondiale observe une conjoncture marquée par des tensions géopolitiques persistantes et les effets du dérèglement climatique. En 2024, la croissance dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord s'est établie à 1,8 %, témoignant d'un ralentissement économique. Toutefois, les projections tablent sur un rebond à 3,4 % en 2025, bien que cette reprise demeure hétérogène selon les pays. Ainsi, la Tunisie, confrontée à une sécheresse persistante et à une faible demande intérieure, n'a enregistré qu'une progression limitée de 1,2 %. En revanche, l'Algérie et Djibouti ont affiché une dynamique plus favorable, portée par la reprise des activités non pétrolières et une demande accrue dans le secteur des services. Des perspectives économiques mondiales en demi-teinte À l'échelle mondiale, la Banque mondiale prévoit un taux de croissance stabilisé à 2,7 % en 2025 et 2026, un rythme jugé insuffisant pour soutenir un développement durable et combler l'écart entre les économies avancées et les pays émergents. Ceux-ci, qui génèrent 60 % de la croissance mondiale, peinent à rattraper les niveaux de revenus des nations industrialisées. L'étude met en garde contre les difficultés structurelles auxquelles sont confrontés les pays à faible revenu, soulignant que, sans réformes profondes, la majorité d'entre eux ne parviendront pas à atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire d'ici le milieu du siècle. L'institution appelle ainsi à des mesures correctives urgentes pour éviter un creusement des inégalités à long terme. Malgré ces défis, la Banque mondiale identifie des marges de manœuvre pour améliorer la trajectoire économique mondiale, sous réserve d'engagements fermes en faveur du changement, tant au niveau national qu'international. Au sein des Etats, elle recommande de faire valoir la stabilité économique en maîtrisant l'inflation et en allouant plus de ressources aux secteurs de l'éducation, de la santé et des infrastructures. À l'échelle internationale, elle insiste sur l'importance «de stimuler le commerce mondial, d'optimiser la gestion de la dette et d'élargir les investissements dans les énergies renouvelables pour lutter efficacement contre le changement climatique.»