Afin de promouvoir une économie plus inclusive, verte et compétitive, la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) s'apprête à approuver sa nouvelle stratégie pour le Maroc, membre fondateur de l'Organisation internationale et pays d'opérations en 2012. Dans un contexte d'agglomération de l'économie numérique, de pandémie et de développement économique atone, l'économie mondiale est dotée d'une mission motrice qui peut affecter la croissance verte inclusive. Consciente de cette situation, la BERD a mis le développement durable au centre de sa stratégie. En coopération avec le gouvernement marocain, et en concertation avec le secteur privé, la BERD a défini les principales priorités de son action dans le pays. Il s'agit fondamentalement d'accélérer la transformation numérique et d'augmenter le financement annuel moyen. La Banque européenne a dévoilé, dans un document publié le 12 mai, sa nouvelle stratégie pour le Maroc qui couvrira la période 2022-2027. Cette feuille de route doit être approuvée par le Conseil d'administration de la banque d'ici l'été. S'exprimant en marge de la 31ème Assemblée générale annuelle de la BERD, qui s'est déroulée du 10 au 12 mai à Marrakech,le directeur de la BERD au Maroc, Antoine Sallé de Chou, avait déclaré qu'au cours des cinq prochaines années, la BERD vise également à maximiser ses financements au Maroc et à dépasser la moyenne annuelle de 200-300 millions d'euros, à l'exception de 2020 où la BERD a accordé 742 millions d'euros au Royaume pour soutenir sa résilience face à la crise du Covid-19. Enchaînant innovation et croissance, le Business Model vert inclusif, qui est un modèle de développement durable visant à poursuivre la croissance globale et harmonieuse de l'économie, de la société et de l'environnement, a gagné une importance accrue dans les grandes économies mondiales ces dernières années. « Vert, inclusif et numérique » sont les trois grands axes du Cadre stratégique et capitalistique 2021-25 de la BERD : son plan vise à favoriser une reprise forte et à accélérer les réformes dans les domaines clés de l'économie. La BERD renforce son soutien au marché des capitaux Placé au coeur de la nouvelle stratégie quinquennale, l'axe vert, qui est basé sur l'alignement des systèmes financiers sur le programme de développement durable, permet d'intensifier les activités de la BERD pour stimuler les économies à faibles émissions de carbone en augmentant son soutien financier pour aider les gouvernements à respecter leurs engagements dans le cadre de l'Accord de Paris de 2015. Si le Maroc dispose d'un cadre juridique et réglementaire et d'une infrastructure « assez bien développés pour les marchés de capitaux », la pandémie du Covid-19 a posé de nouveaux défis sociaux et économiques qui peuvent être relevés avec de nouveaux instruments de ce marché qui met en relation les agents économiques détenant un excédent de capitaux et ceux ayant besoin de financements, avertit le document de la Banque européenne, notant que sa stratégie a pour finalité de combiner la finance verte avec le financement de thèmes sociaux plus larges. La BERD travaillera ainsi avec Bank of Africa (BOA) pour développer un cadre de financement durable vert, notamment grâce à un accord de coopération signé lors de son Assemblée annuelle, en vue de soutenir le système financier marocain et la transition du pays vers une économie verte en contribuant au développement de son marché des capitaux. En effet, suite au lancement de la première « obligation verte » dans le secteur bancaire marocain en 2016, BOA a fait preuve d'innovation en optant pour des instruments de finance durable et inclusive. Dans cette même logique de coopération, la BERD, en partenariat avec Bank of Africa et le groupe BMCE, vise également à développer davantage ce cadre, en vue de promouvoir le respect et l'attachement aux Objectifs de Développement Durable. A présent, l'Afrique reste confrontée à des déficiences structurelles significatives et à d'autres défis susceptibles de saper la confiance des investisseurs, dont les inégalités persistantes. Or, un secteur privé africain prospère, tel que promu par la BERD, est de nature à promouvoir une croissance inclusive, mettant le capital humain, social et naturel au coeur de ses préoccupations, en utilisant de manière durable les écosystèmes naturels qui constituent la richesse du continent et la base de son marché des capitaux. Ceci explique le grand intérêt porté par la Banque Européenne au renforcement des investissements verts au Maroc, pont économique entre l'Afrique et l'Europe. Dans ce sillage, Brahim Benjelloun Touimi, directeur général de BOA, a souligné que « l'ambition de Bank of Africa est d'offrir des solutions de financement innovantes qui répondent aux défis auxquels est confronté le secteur privé en Afrique, en particulier les petites et moyennes entreprises et ceux liés au climat et au genre ». Cadre d'action pour une assistance technique durable En 2021, pour la première fois dans l'Histoire de la Banque, plus de la moitié de ses investissements annuels étaient liés à la transformation environnementale (5,4 milliards d'euros sur un total de 10,4 milliards d'euros). Au Maroc, les financements de la Banque ont suivi cette même tendance : sur les 211 millions d'euros investis dans le Royaume l'an dernier, plus de la moitié l'ont été dans la finance verte. Odile Renaud-Basso, présidente de la BERD, a déclaré dans ce sens que le Royaume est l'un des pays qui déploient les objectifs les plus ambitieux en matière de lutte contre le changement climatique. Grâce à sa nouvelle stratégie, « la BERD renforcera les marchés des capitaux du Maroc et contribuera à bâtir un secteur financier durable et résilient. Cela ouvrira également la voie à une réplication par d'autres institutions financières locales », a déclaré la responsable de la Banque, citée par ledit document. L'assistance technique de la Banque comprendra une analyse visant à identifier les principales lacunes dans les capacités, les ressources et les actifs conformément aux normes reconnues en matière d'obligations vertes, sociales et durables. Selon la même source, la BERD travaillera avec Bank of Africa afin d'établir un plan d'action pour l'adoption et la mise en oeuvre d'un cadre de financement durable. Kawtar CHAAT Energie : le Maroc sur le radar de la BERD en tant que futur producteur régional
La BERD décrit le renforcement des investissements verts comme un moyen de répondre aux défis environnementaux, le Maroc étant particulièrement vulnérable au changement climatique et au stress hydrique, mais aussi comme une opportunité économique. Si le potentiel de l'Afrique en tant que futur fournisseur d'énergie reste limité par les coûts élevés des projets énergétiques, la demande mondiale croissante en énergie pousse les sociétés internationales à reconsidérer les projets africains. La BERD considère ainsi les investissements verts comme moyen de réduire les coûts et d'assurer la sécurité énergétique. Elle entend continuer à être un partenaire clé dans ce domaine pour le Maroc qui dispose d'un potentiel énergétique vert lui conférant un avantage stratégique dans l'intégration régionale.