Africa50, plate-forme panafricaine d'investissement dans les infrastructures, s'apprête à lancer un fonds de 500 millions de dollars afin de financer des entreprises spécialisées dans l'énergie hors réseau et d'accélérer le développement de projets à faible empreinte carbone sur le continent. Ce projet, soutenu par des actionnaires clés tels que la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque centrale marocaine (Bank Al-Maghrib, BAM), aspire à étendre l'accès à l'électricité dans les régions insuffisamment desservies tout en répondant aux défis posés par le changement climatique. Ce programme s'inscrit dans un contexte où les gouvernements africains et les institutions de développement intensifient leurs efforts pour renforcer la sécurité énergétique et limiter les perturbations climatiques. La BAD et la Banque mondiale ont récemment organisé une conférence de haut niveau en Tanzanie, fixant l'objectif d'électrifier 300 millions de personnes d'ici 2030. Le fonds lancé par Africa50 s'aligne sur cette ambition en mobilisant des capitaux pour des infrastructures énergétiques durables, notamment au Maroc, pays pionnier en matière d'énergies renouvelables. Dix milliards de dollars d'investissements additionnels dans le secteur attendus S'exprimant lors de la conférence de Tanzanie, le directeur général d'Africa50, Alain Ebobisse, a souligné l'importance stratégique de ce fonds pour intensifier les investissements dans le secteur énergétique africain. Sur l'enveloppe annoncée, 400 millions de dollars seront consacrés au développement de projets, tandis que 100 millions seront alloués à leur structuration. Grâce à ce levier financier, le fonds pourrait catalyser jusqu'à dix milliards de dollars d'investissements additionnels dans le secteur. «La première clôture est prévue au cours du premier semestre», a précisé M. Ebobisse, insistant sur la nécessité d'accélérer le déploiement des capitaux pour accompagner la transition énergétique du continent. Le fonds s'appuiera notamment sur l'Alliance pour les infrastructures vertes en Afrique (AGIA), un mécanisme dédié au financement des énergies renouvelables et des solutions de transport à faible émission de carbone. En structurant un cadre de financement adapté aux infrastructures vertes, Africa50 cherche à combler le déficit d'investissement qui freine depuis longtemps l'essor de l'énergie propre sur le continent. Parallèlement aux grands projets, Africa50 renforce son engagement en faveur des solutions énergétiques décentralisées. Un fonds spécifique de 200 millions de dollars sera ainsi consacré aux entreprises développant des mini-réseaux solaires, des systèmes photovoltaïques domestiques et d'autres technologies d'électrification hors réseau. Baptisé Africa Solar Facility, ce programme est porté par l'Alliance solaire internationale et ambitionne d'élargir l'accès à l'électricité en soutenant les acteurs du secteur. En privilégiant l'énergie solaire, Africa50 favorise des alternatives plus accessibles et moins polluantes que les sources fossiles, encore largement utilisées dans de nombreuses régions. Dans cette lancée, l'organisation collabore également avec l'Autorité nigériane d'investissement souverain et Sustainable Energy for All (SEforALL), programme soutenu par les Nations unies, pour lancer un fonds dédié aux énergies renouvelables décentralisées au Nigeria. Bien que le montant définitif de ce fonds ne soit pas encore arrêté, il devrait jouer un rôle déterminant dans la réduction du déficit énergétique du pays, où plus de 85 millions de personnes demeurent privées d'électricité. L'initiative d'Africa50 s'inscrit dans une stratégie plus large de soutien à la transition énergétique en Afrique. En 2024, l'organisation avait déjà annoncé un investissement de 100 millions de dollars via la plateforme de financement ETAF de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena). Ce dispositif vise à cofinancer des projets énergétiques propres et à renforcer les infrastructures nécessaires à une transition durable. Le déploiement de l'opération suscitée, attendu dans les prochains mois, pourrait encourager une participation accrue du secteur privé et favoriser une transformation durable du paysage énergétique africain. En mettant à disposition des financements ciblés, Africa50 tend non seulement accélérer l'électrification mais aussi renforcer la résilience économique et climatique des pays engagés dans cette transition, au premier rang desquels figure le Maroc.