Un haut responsable marocain, cité sous anonymat dans le document, a confié que «revenir sur cette relation stratégique serait une erreur fatale pour la sécurité de notre nation. Nous partageons avec Israël un destin commun et une vision pour un avenir pacifique et prospère.» La guerre à Gaza a ravivé les tensions dans le monde arabe et provoqué des manifestations propalestiniennes dans les grandes villes marocaines, mais les relations entre Rabat et Tel-Aviv n'ont pas vacillé. Loin des projecteurs et des slogans scandés dans les rues, le partenariat stratégique entre les deux capitales s'est au contraire renforcé, porté par une convergence d'intérêts face à une menace commune : l'expansionnisme iranien et son soutien présumé au Front Polisario dans le Sahara Selon Sarah Zaaimi, chercheuse senior au Rafik Hariri Center de l'Atlantic Council, ce rapprochement trouve ses racines dans une lutte partagée contre ce qu'elle qualifie de «néo-impérialisme sassanide» mené par l'Iran. Depuis 2018, le Maroc accuse Téhéran d'armer et de financer le Polisario, notamment par l'intermédiaire du Hezbollah libanais. Ce soutien, qui inclurait la fourniture de drones militaires, de missiles sol-air et de mortiers lourds ainsi que la formation de combattants rebelles, aurait permis au Polisario de mener des attaques récentes contre des zones au Sud, notamment à Es-smara et Mahbès, en violation du cessez-le-feu de 1991. La guerre à Gaza, déclenchée en octobre 2023, a accentué la sensibilité de Rabat à ces manœuvres. Les attaques attribuées au Polisario, survenues parallèlement au conflit au Moyen-Orient, ont été perçues comme un signal clair du rôle croissant de l'Iran dans la déstabilisation régionale. Le Maroc voit dans ce contexte une justification supplémentaire pour resserrer ses liens avec Israël, considéré comme un allié de poids dans la lutte contre les ingérences iraniennes, selon la note de l'institution internationale. Une coopération militaire sans précédent Ce partenariat stratégique s'illustre particulièrement dans le domaine militaire. Depuis la reprise des relations entre les deux pays en 2020, le Maroc a considérablement étoffé son arsenal grâce à des technologies israéliennes de pointe. D'après Sarah Zaaimi, Rabat a acquis des drones Heron pour sanctuariser les territoires sahariens, des systèmes anti-drones SkyLock Dome et des missiles Barak MX. En 2024, l'ouverture annoncée d'une usine de fabrication de drones par BlueBird Aero Systems au Maroc a marqué une étape supplémentaire dans cette coopération, tandis que Rabat négocie actuellement l'achat d'un satellite espion israélien d'une valeur d'un milliard de dollars. Au-delà des aspects sécuritaires, cette relation repose sur des liens historiques et culturels profonds. De nombreux Israéliens, notamment des figures influentes comme Meir Ben-Shabbat, ancien conseiller à la sécurité nationale ou Amir Perez, concepteur du Dôme de fer, sont d'origine marocaine. Un Israélien sur dix peut retracer ses racines au royaume chérifien. Ces attaches confèrent à la relation bilatérale une dimension humaine et symbolique unique, qui transcende les simples considérations géopolitiques. Une stratégie bénéfique malgré les vents contraires Les autorités marocaines, conscientes des sensibilités de la cause palestinienne, ont multiplié les déclarations en faveur d'un cessez-le-feu et d'une solution à deux Etats, tout en évitant toute rupture avec Tel-Aviv. Un haut responsable marocain, cité sous anonymat dans le document, a confié que «revenir sur cette relation stratégique serait une erreur fatale pour la sécurité de notre nation. Nous partageons avec Israël un destin commun et une vision pour un avenir pacifique et prospère.» Comme le souligne Sarah Zaaimi, ce partenariat dépasse les pressions populaires et les soubresauts conjoncturels. Il s'inscrit dans une vision à long terme où le Maroc et Israël, alliés par la géopolitique et l'histoire, cherchent à se positionner comme des acteurs clés de la stabilité et de l'intégration régionale. Dans un contexte de menaces multiples, cette alliance, forgée dans l'ombre de conflits anciens et récents, semble appelée à perdurer. 2025 sera une année porteuse de surprises.