Le gouvernement a annoncé, lundi 30 décembre, son intention de présenter, dès le mois de janvier 2025, une première proposition destinée à réformer les régimes de retraite, un dossier jugé prioritaire après des années de retard. Cette annonce s'accompagne de mesures destinées à atténuer les effets croissants de la pauvreté dans le pays. Lors d'une séance de questions orales à la chambre des représentants, où 45 députés seulement étaient présents sur 395, la ministre de l'économie et des finances Nadia Fettah a déclaré que "le moment est venu" de lancer une réforme profonde des systèmes de retraite. Selon elle, les travaux préliminaires menés lors des précédentes phases de dialogue social ont permis de poser les bases de cette réforme, qui s'articulera autour de deux pôles : public et privé, avec un accent particulier sur l'amélioration de la gouvernance. "Nous avions souhaité entamer ce processus avant la fin de l'année en cours. Cependant, ce retard, limité à trois mois, est minime comparé à l'accumulation de décennies d'inaction sur ce dossier complexe", a-t-elle précisé. La ministre a également rappelé que les mesures convenues dans le cadre du dialogue social, notamment la revalorisation des salaires, ont permis de gagner un délai de deux à trois ans sur l'équilibre des régimes de retraite. Par ailleurs, elle a souligné que l'Etat avait injecté deux milliards de dirhams dans la Caisse marocaine des retraites en 2022, réaffirmant l'engagement du gouvernement à ne pas fuir ses responsabilités en matière de réforme. Les rares députés ont unanimement reconnu la gravité de la crise qui affecte les caisses de retraite, aggravée par les mutations démographiques et la précarité croissante des retraités. Ils ont également déploré le retard dans la mise en œuvre de l'initiative gouvernementale visant à garantir un "revenu de dignité" pour les personnes âgées ne bénéficiant d'aucune pension. Pauvreté en hausse En parallèle, Nadia Fettah a dressé un tableau préoccupant de la situation économique, indiquant que le taux de pauvreté au Maroc, selon les données du Haut-Commissariat au Plan, s'élève actuellement à 3,9 %, en raison des crises économiques successives. Elle a mis en exergue les disparités importantes entre les zones urbaines et rurales, ces dernières étant particulièrement touchées par la hausse du chômage et le manque d'opportunités économiques. Pour répondre à cette situation, la ministre a rappelé que le gouvernement avait engagé des efforts substantiels pour atténuer les pressions inflationnistes, notamment à travers une enveloppe budgétaire de plus de 105 milliards de dirhams prévue entre 2022 et 2025. Ce budget est destiné au soutien des produits de première nécessité, à l'aide sociale directe et au maintien des subventions sur l'électricité, entre autres mesures. La ministre a également évoqué les bénéfices attendus de la fusion entre la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS). Cette intégration devrait permettre une réduction significative des délais de remboursement des frais médicaux.