Lors de son passage à la première Chambre, lundi 18 décembre, la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a été interpellée sur tant de problématiques qui pèsent toujours sur les citoyens, en tête desquelles figurent la flambée des prix et la Caisse marocaine des retraites. Depuis deux ans, la hausse généralisée des prix s'est installée dans les paniers. De mois en mois, la courbe ne cesse de grimper : l'inflation s'est encore accélérée au Maroc. L'indice des prix à la consommation s'est élevé à 4,3%, en octobre dernier. Une hausse tirée par la progression des prix de l'énergie et des produits alimentaires. De quoi inquiéter les élus de la première Chambre parlementaire, qui interpellent la tutelle sur les mesures destinées à freiner cette hausse et l'anarchie des prix, qui a eu pour effet de peser sur le pouvoir d'achat des Marocains. Interrogée à ce sujet, la ministre de l'Economie et des Finances a affirmé que près de 312.000 points de vente ont été contrôlés, tandis que 15.000 infractions ont été constatées en 2023 dans le cadre des efforts déployés par les différents secteurs gouvernementaux pour réprimer les manipulations. Par ailleurs, Nadia Fettah a souligné que le ministère de l'Intérieur a renforcé davantage les opérations de contrôle cette année. Ainsi,3.300 des infractions détectées ont fait l'objet d'avertissements. Ces chiffres, a-t-elle poursuivi, ne peuvent que confirmer les efforts de mobilisation déployés par l'ensemble des partenaires pour contrôler les marchés. Le gouvernement s'efforce, depuis le début de son mandat, pour faire face aux crises successives qui ont résulté des hausses des prix, a assuré Nadia Fettah, rappelant le soutien accordé pour maintenir les prix de plusieurs produits alimentaires de première nécessité,notamment dans le cadre de la Caisse de Compensation. La ministre de tutelle n'a pas manqué aussi de rappeler les subventions destinées aux professionnels des secteurs du transport et de l'agriculture . Dans un autre registre, certaines augmentations des prix étaient « suspectes », a estimé l'un de députés, faisant référence à la similitude des prix des tomates marocaines dans les marchés nationaux et français, soit près de 15 dhs/kg. En réponse, Nadia Fettah Alaoui a souligné que les prix des tomates exportées, notamment vers la France, sont différents que ceux fixés sur les marchés nationaux. Caisse des retraites Par la même occasion, Nadia Fettah Alaoui a estimé urgent d'accélérer la réforme des retraites compte tenu de la dégradation inquiétante des réserves et des déficits de la Caisse. La ministre a ainsi alerté sur un déficit de 7,8 milliards de dirhams en 2023. Rappelons, dans ce sens, que le déficit a atteint 5,12 milliards de dirhams en 2022. Toutefois, ce dossier complexe a subi des retards quant au lancement des discussions et à la précision des détails du plan gouvernemental, a déploré l'un des députés. En réponse, la ministre a reconnu l'importance de s'asseoir avec les syndicats et les partenaires concernés pour étudier de manière approfondie le projet de réforme. Dans la même veine, a-t-elle annoncé,« le gouvernement a élaboré une proposition de réforme pour la Caisse des retraites ». Elle a insisté également sur les suggestions des partenaires. Pour rappel, la Cour des Comptes avait souligné, dans son rapport annuel publié en mars dernier, l'insuffisance de la réforme paramétrique mise en œuvre en 2016 : «La non-réalisation de leur équilibre financier et l'épuisement imminent de leurs réserves à des horizons différents montrent la portée limitée des réformes paramétriques apportées principalement au régime des pensions civiles de la Caisse marocaine des retraites depuis 2016 et au Régime collectif des allocations de retraites en 2021». Pour la Cour des Comptes, «la garantie de la viabilité du système à long terme exige l'activation de la mise en œuvre du chantier de la réforme systémique des régimes de retraite, notamment avec l'élargissement de l'adhésion aux régimes de retraite en 2025 pour couvrir les travailleurs ne percevant aucune pension, et ce, dans le cadre de la généralisation de la sécurité sociale».