Après la réforme paramétrique entrée en vigueur en 2016, le système des retraites épuisera ses réserves de 70 MMDH d'ici 2028, a indiqué la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui. Plusieurs facteurs démographiques, économiques et sociaux expliquent les causes de l'incapacité des régimes de retraite de parvenir à leur équilibre financier. Détails. Les systèmes de retraite au Maroc sont déficients. La ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a indiqué, mercredi à Rabat, que les systèmes de retraite ont collecté, pour l'année 2020, un montant de 62,74 milliards de dirhams de cotisations et contributions. Au cours d'une journée d'étude sous le thème «La pérennité des régimes de retraite à l'aune de la généralisation de la protection sociale » organisée à la Chambre des Représentants, Fettah Alaoui a indiqué que les prestations servies, quant à elles, se sont établies à 67,9 milliards de dirhams, dont 32,6 milliards de dirhams de la Caisse marocaine des retraites (CMR) et 22,9 milliards de dirhams de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). La ministre a rappelé que les actifs cotisants couverts par les régimes de retraite ont atteint, au titre de la même année, plus de 4,5 millions de personnes, ajoutant que l'effectif des bénéficiaires était de 1,4 million de personnes. Une réforme des régimes de retraite pour un retour à l'équilibre ? Il apparaît aujourd'hui du côté du gouvernement une réelle volonté de réformer les régimes de retraite existants et cela à travers un processus de dialogue social ouvert. A ce propos, Mme Fettah a expliqué que les systèmes de retraite dans les secteurs public et privé sont confrontés à de nombreux défis, et que le système de retraite actuel se caractérise par une incohérence à plusieurs niveaux. Le vieillissement de la population, l'augmentation des pensions moyennes des retraités et le versement des pensions sur de plus longues durées sont parmi les facteurs explicatifs des déficits du système de retraites, non seulement au Maroc mais aussi dans plusieurs pays du monde. Passant en revue la situation actuelle des pensions civiles après la réforme paramétrique entrée en vigueur en 2016, la ministre a révélé que le système épuisera ses réserves, dont la valeur s'élève à 70 milliards de dirhams, d'ici 2028. Elle a toutefois précisé que pour faire face à ses obligations par la suite, la CMR aura besoin d'environ 14 milliards de dirhams par an pour financer le déficit du système. «Le niveau actuel du taux de cotisation (28%) et l'âge légal de départ à la retraite (63 ans) ne laissent qu'une faible marge pour adopter une nouvelle réforme paramétrique», a-t-elle relevé. Face à des menaces de déficits importants, plusieurs solutions peuvent être mises en œuvre pour contribuer à un retour à l'équilibre des régimes de retraite. Vu que le système de retraite marocain se caractérise par la coexistence de plusieurs régimes de retraites, les mécanismes de compensation entre régimes de retraite sont parmi les solutions potentielles, susceptibles de rétablir l'équilibre financier des régimes. Les subventions d'équilibre versées par l'Etat aux régimes de retraite et l'adossement des régimes spéciaux sur ceux des salariés du secteur privé sont des mécanismes techniques qui permettent aux régimes concernés de ne pas avoir à provisionner l'intégralité du poids des pensions et succomber à la déficience. Dans ce sillage, la ministre a déclaré que l'horizon à court terme de la pérennité du système limite l'impact de la réforme paramétrique à la réduction de la dette implicite sans aborder la question de l'épuisement des réserves du système. Cela dit, les solutions et les mesures à adopter, dans le but de permettre l'équilibre financier des régimes de retraite, devraient être ancrées dans la durabilité. «Le système est actuellement équilibré par rapport aux droits acquis après la réforme de 2016, la dette implicite actuelle étant particulièrement importante pour les droits acquis dans le passé», a-t-elle souligné. Pour sa part, le président de la Commission des Finances et du Développement économique à la Chambre des Représentants, Mohamed Chaouki, a souligné, à cette occasion, que les régimes de retraite au Maroc, comme dans la plupart des pays du monde, reposent sur un système de répartition fondé sur le principe de solidarité entre les générations. En effet, le système de retraite par répartition instaure un mécanisme de redistribution publique entre les trois générations coexistantes. Les adultes d'âge actif financent la retraite de leurs vieux parents ainsi que l'éducation de leurs jeunes enfants. Selon cet expert, les déséquilibres dont souffre le système de retraite marocain résident dans la modification de la structure des adhérents aux différents systèmes. Ceux-ci ont enregistré durant la dernière décennie une augmentation des retraités contre un repli du nombre d'adhérents contributeurs.