La ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah, s'exprimant lundi devant les représentants au Parlement, a indiqué que le moment était venu d'aborder le dossier des retraites, étant donné que la situation des caisses est « préoccupante », notant que malgré la disparité entre les déficits rencontrés par les systèmes, ce dossier doit être traité rapidement. L'objectif déclaré est d'étendre la couverture retraite à l'ensemble des Marocains, conformément aux orientations royales. Le projet royal d'extension de la protection sociale vise également à inclure environ 5 millions de personnes exerçant un emploi mais ne bénéficiant d'aucune pension. Malgré les défis engendrés par la conjoncture internationale, l'exécutif se dit résolu à mettre en œuvre les réformes prévues dans son programme. En réponse aux questions des représentants donc, Nadia Fettah a souligné la nécessité d'engager des discussions avec tous les syndicats et les parties prenantes impliquées dans la résolution de la crise des systèmes de retraite. Ceux-ci pointent du doigt le pouvoir exécutif, l'accusant de freiner les réformes, en particulier après la suspension des travaux du Comité suprême pour le dialogue social sur la réforme des retraites, dont Nadia Fettah est la présidente. Les représentants ont attiré l'attention sur le retard accumulé dans la réforme des systèmes de retraite. Pour le Législatif, chaque année de report entraîne une augmentation des coûts, ainsi qu'une complication du dialogue social, particulièrement dans un contexte économique difficile avec la crise du pouvoir d'achat et l'extension de la couverture sociale à 5 millions d'actifs supplémentaires d'ici à 2025. A titre de rappel, en 2022, les actifs cotisants couverts par les régimes de retraite étaient déjà au nombre de 4,5 millions de personnes, pour un effectif de bénéficiaires de plus de 1,4 million de personnes. Ceci étant, quelques années après une timide première réforme ciblant le régime des pensions civiles administré par la Caisse marocaine des retraites (CMR), les ajustements « paramétriques » initiés en 2016, n'ont pas porté leurs fruits, ne parvenant pas pour ce faire pas à redresser la situation et la responsabilité est donc à partager entre les différents exécutifs passés. La ministre de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a mis en lumière la crise actuelle des équilibres financiers des caisses de retraite, toutes menacées d'épuiser leurs réserves. Cette urgence est particulièrement préoccupante pour le régime des pensions civiles de la CMR, dont les réserves devraient être épuisées d'ici à cinq six ans, en 2028. Pour répondre à ses obligations, ce régime nécessitera un budget annuel, plusieurs milliards de dirhams pour compenser son déficit. À ce sujet, Nadia Fettah a dévoilé que le déficit technique prévu de la Caisse marocaine des retraites pour cette année s'élèvera à 7,8 milliards de dirhams, insistant sur la nécessité d'accélérer le lancement de la réforme des systèmes de retraite dans les délais les plus brefs possibles. Bien que le déficit global du régime de la Caisse marocaine des retraites (CMR) ait connu une amélioration, se chiffrant à 1,4 milliard de dirhams contre 4 milliards l'année précédente, il convient de noter que cette amélioration intègre une contribution spéciale de l'État en 2022 d'un montant de 2 milliards de dirhams. Néanmoins, les flux de trésorerie résultant de ces deux mesures ne suffiraient pas à repousser la date prévue d'épuisement des réserves, envisagée dans les 4 à 5 prochaines années. Pour ce qui est des cotisations du régime général du RCAR, due au changement du régime d'adhésion de la population des enseignants contractuels des AREF, la diminution a contribué à l'aggravation du déficit technique du régime, atteignant 4,1 milliards de dirhams contre 3,3 milliards en 2021. Cette baisse combinée à une performance financière médiocre a entraîné le premier déficit global du régime, s'élevant à 4,7 milliards de dirhams. Les déséquilibres constatés dans les deux régimes du secteur public plaident effectivement en faveur de l'accélération de la mise en œuvre de la réforme systémique. La situation à la CNSS demeure sous pression. Principalement en raison de la revalorisation des pensions au sein de la branche retraite, décidée en décembre 2022 avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2020. Cette décision a engendré une augmentation significative des prestations du régime de l'ordre de 21,3%, tandis que les cotisations collectées n'ont connu qu'une hausse de 0,6%. En conséquence, la branche a enregistré un déficit technique de 197,7 millions de dirhams, contrairement à un excédent de 2,5 milliards de dirhams l'année précédente. Malgré cela, les produits financiers ont permis à la branche de maintenir un excédent global de 1,5 milliard de dirhams. Les réserves actuelles de la branche sont suffisantes pour couvrir les déficits anticipés au cours des 16 prochaines années. Il est envisageable également de renforcer cette pérennité grâce à une éventuelle révision du taux de cotisation et de l'âge de la retraite dans le cadre d'une réforme paramétrique. La CIMR dans cette situation peu engageante, est sans aucun doute bon élève des régimes de retraite et c'est tout à son honneur. Grâce à l'intensification du recrutement de nouveaux cotisants (11,4% par rapport à celle des prestations (3,7%)), la Caisse continue de bénéficier des retombées de la réforme mise en place il y a 20 ans. Le solde technique a affiché une augmentation de 27,7% en 2022 par rapport à son niveau de 2021, atteignant ainsi 3,7 milliards de dirhams. Malgré la détérioration du solde financier du régime de 69,2% par rapport à 2021, l'ensemble du régime affiche un excédent global de 4,5 milliards de dirhams. Celui-ci devrait persister sur l'horizon des projections, maintenant ainsi la tendance haussière à long terme des réserves.