Le récent scandale autour de la station de dessalement de l'eau de mer dans la région Casablanca-Settat, projet stratégique remporté par des entreprises associées à Aziz Akhannouch, actuel chef du gouvernement, suscite une onde de choc dans les sphères politiques, économiques et citoyennes. Ce dossier pointe de graves enjeux liés au conflit d'intérêts, à la transparence de la gestion publique et au respect des principes fondamentaux de l'éthique et de la gouvernance démocratique. Les révélations récentes concernant l'implication du chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, dans l'attribution du marché pour la construction et l'exploitation de la station de dessalement de Casablanca-Settat ont déclenché une vague de critiques. Ce projet, présenté comme le plus grand en Afrique, suscite des accusations de conflit d'intérêts et remet en question le respect des principes fondamentaux de transparence et de gouvernance. Le cœur du débat réside dans le fait qu'un chef de gouvernement, investi de responsabilités politiques majeures, puisse également se retrouver bénéficiaire d'un contrat public d'une telle ampleur. L'attribution de cette gigantesque commande, évaluée à quinze milliards de dirhams, à deux sociétés directement liées à M. Akhannouch – Afriquia Gaz et Green of Africa – en partenariat avec la société espagnole Acciona (qui ne serait qu'une façade ?), soulève des doutes sérieux sur l'intégrité du processus de sélection et les garanties d'un traitement équitable pour tous les soumissionnaires. Le chapitre 36 de la Constitution marocaine impose aux autorités publiques de prévenir toute forme de conflit d'intérêts et d'assurer une gestion transparente et impartiale des ressources et des projets publics. Pourtant, dans cette affaire, les rôles multiples d'Aziz Akhannouch – à la fois en tant que chef du gouvernement et entrepreneur privé – semblent aller à l'encontre de cet impératif constitutionnel. L'urgence d'une posture exemplaire en matière de gouvernance Aziz Akhannouch, en sa qualité de chef de gouvernement, se doit d'incarner les principes d'intégrité, d'impartialité et de justice, qui constituent les fondements de la confiance publique. Or, sa position actuelle dans ce dossier soulève de nombreuses interrogations légitimes : comment garantir une séparation nette entre ses responsabilités gouvernementales et ses intérêts privés ? Quels mécanismes ont été mis en place pour écarter tout soupçon de favoritisme ou de conflit d'intérêts dans le processus d'attribution de la commande publique ? Pourquoi les lois relatives à la prévention des conflits d'intérêts, bien que prévues par la Constitution, n'ont-elles pas encore été promulguées par son propre gouvernement ? Le manque de transparence perçu dans cette affaire menace non seulement l'image du gouvernement, mais également la crédibilité du Maroc sur la scène internationale, notamment en tant que modèle émergent d'investissement responsable en Afrique. Une responsabilité politique et morale incontournable Dans une démocratie véritable, les personnalités publiques occupant les plus hautes fonctions doivent accepter d'être soumises à des exigences éthiques plus élevées que celles imposées aux simples citoyens. La défense avancée par M. Akhannouch, selon laquelle le marché aurait été attribué à l'offre la plus avantageuse, ne suffit pas à dissiper les soupçons qui entourent cette transaction. Les critiques émises par des figures de l'opposition, comme la députée Fatima Tamni de la Fédération de la gauche démocratique, ou encore les remarques incisives de Mohamed Ghelloussi, président de l'Association marocaine pour la protection de l'argent public, ne sont pas des attaques gratuites. Elles reflètent une préoccupation légitime quant à la conformité de ce projet aux principes constitutionnels et aux normes de gouvernance publique. De plus, le fait que la commission nationale des investissements, présidée par M. Akhannouch lui-même, ait attribué à ce projet le statut de "projet stratégique", avec à la clé des subventions et des avantages publics, alimente encore les inquiétudes. L'appel à une solution immédiate : le retrait de M. Akhannouch La seule voie logique et responsable est qu'Aziz Akhannouch se retire immédiatement de toute implication, directe ou indirecte, dans ce projet. Les critiques sont intenables : d'une part, des entreprises concurrentes auraient abandonné la compétition en raison de conditions jugées défavorables. D'autre part, le conflit d'intérêts dans ce dossier est manifeste. Face à cette situation, le maintien d'Aziz Akhannouch en tant qu'acteur central de ce projet fragilise l'image de la gouvernance marocaine. Une décision forte s'impose : son désinvestir de toute implication dans ce projet. Ce geste, bien que symbolique, permettrait de restaurer la crédibilité des institutions et de démontrer un engagement clair envers les principes d'éthique et de probité, qui ont subi un rude assaut depuis 2021. Il faut le dire : l'affaire de la station de dessalement de Casablanca est un test décisif pour Aziz Akhannouch. Elle évoque aussi la nécessité d'instaurer un cadre juridique plus rigoureux pour prévenir les conflits d'intérêts et garantir une gestion transparente des ressources publiques. Aziz Akhannouch, en tant que chef de gouvernement, a une responsabilité particulière dans cette démarche. Son retrait de ce projet enverrait un signal fort de respect des normes éthiques.