Le romancier et essayiste algérien Boualem Sansal, connu pour ses critiques acerbes du régime politique en place en Algérie, aurait été arrêté à Alger selon des informations rapportées par son entourage direct et des médias français. Cette disparition, survenue depuis son arrivée à Alger le samedi 16 novembre, suscite de nombreuses inquiétudes, d'autant que l'écrivain n'avait donné aucun signe de vie à ses proches ni à son éditeur, Gallimard. L'affaire prend une tournure d'autant plus préoccupante que M. Sansal (75 ans), est une figure intellectuelle majeure et une voix critique du régime algérien, ce qui fait de lui une cible potentielle des autorités. Cette arrestation présumée intervient dans un contexte où M. Sansal a récemment fait des déclarations publiques particulièrement sensibles. Lors d'un entretien diffusé par la chaîne en ligne Frontières, l'auteur de 2084 : la fin du monde a évoqué des sujets historiques et géopolitiques épineux, notamment la colonisation française et les tensions frontalières entre l'Algérie et le Maroc. M. Sansal a affirmé que la France, lors de sa colonisation de l'Algérie, avait arbitrairement rattaché des territoires marocains à l'Algérie, comme Tlemcen, Oran ou encore Biskra. Cette décision, selon lui, serait à l'origine de différends historiques persistants entre les deux pays. Dans le même entretien, Sansal a également critiqué l'Algérie pour son rôle dans la création et le soutien du Front Polisario, qualifiant cette démarche de tentative de déstabilisation du Maroc dans un cadre idéologique communiste soutenu par Moscou. Il a en outre accusé le régime algérien, qu'il décrit comme militaire, de maintenir une hostilité constante envers le royaume chérifien alimentée par des considérations historiques et politiques. Sortie retentissante Ces déclarations, particulièrement critiques à l'égard du régime algérien et de son héritage historique, pourraient avoir accéléré l'action des autorités contre l'écrivain qui vit en France depuis des décennies. Alors que M. Sansal jouit d'une notoriété internationale et d'une reconnaissance pour son travail littéraire et ses positions courageuses, son franc-parler a souvent été perçu comme un affront par les dirigeants algériens, surtout depuis le début des années 2020. Le silence des autorités algériennes sur cette affaire ne fait qu'amplifier les inquiétudes. Selon Le Figaro, les représentations diplomatiques françaises à Alger – l'ambassade et le consulat – tenteraient également d'obtenir des informations sur la situation de l'écrivain, qui possède la nationalité française.