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Emmanuel Dupuy, président de l'IPSE : «Il aura fallu près de deux décennies pour que Paris reconnaisse pleinement la souveraineté marocaine sur le Sahara, un processus amorcé depuis le règne de Hassan II et poursuivi par le roi Mohammed VI»
La visite d'Emmanuel Macron à Rabat, à l'invitation du roi Mohammed VI, a marqué «un tournant décisif» dans les relations diplomatiques entre la France et le Maroc. Ce déplacement, le premier en six ans, a permis à la France de reconnaître officiellement la souveraineté du Maroc sur le Sahara, un geste qui met fin aux tensions persistantes entre les deux pays, analyse Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). «Il était temps, en effet, de remettre en évidence ce qui est désormais connu et revendiqué comme le cadre du partenariat d'exception renforcé», explique M. Dupuy dans un entretien accordé au JDD. Cette réconciliation a été rendue possible par une «diplomatie parallèle» mobilisant parlementaires, universitaires, chefs d'entreprise, artistes et sportifs, qui ont œuvré discrètement pour résoudre les différends. Les points de friction incluaient plusieurs dossiers bilatéraux. Paris a également soutenu publiquement le plan d'autonomie proposé par le Maroc pour le Sahara en 2007, une solution que la communauté internationale voit de plus en plus comme la seule issue réaliste au conflit. «Tous les feux sont désormais au vert pour Paris», ajoute M. Dupuy, rappelant que cette solution est désormais adoptée par plusieurs puissances mondiales. Pour Emmanuel Macron, ce rapprochement s'inscrit dans une relation stratégique plus large avec Rabat, soutenue par des liens économiques solides. La France, avec près de 1 000 entreprises opérant au Maroc, est le premier investisseur étranger et le troisième fournisseur du Royaume. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint 16 milliards d'euros, dont 14 milliards d'exportations françaises vers le Maroc. Cependant, cette dynamique de réconciliation entre Paris et Rabat ne se fait pas sans tensions dans les relations franco-algériennes. Selon M. Dupuy, «la continuité d'une relation houleuse et chaotique» entre la France et l'Algérie persiste, avec des sujets sensibles tels que les accusations d'espionnage et l'utilisation de logiciels de surveillance. Emmanuel Dupuy estime qu'il aura fallu près de deux décennies pour que Paris reconnaisse pleinement la souveraineté marocaine sur le Sahara, un processus amorcé depuis le règne du roi Hassan II et poursuivi par son successeur Mohammed VI. Le chef d'Etat français a tenu à souligner que cette relation se fonde sur des racines profondément ancrées en Afrique, en cohérence avec l'identité marocaine, ce que M. Dupuy résume en citant un propos attribué à Hassan II : «un arbre dont les racines sont ancrées en Afrique, mais qui respire par ses feuilles en Europe.»