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Emmanuel Dupuy : «Le dossier du Sahara va se résoudre et l'Algérie n'a absolument plus les moyens de convaincre les Etats africains de suivre sa position sur le Polisario»
Pour M. Dupuy, «le dossier du Sahara va se résoudre et on en prend la direction. L'Algérie n'a absolument plus les moyens de convaincre les Etats africains de suivre sa position sur le Polisario et sur la reconnaissance de la Rasd (…) Le président Tebboune est un président affaibli. Les militaires algériens sont aux aguets», croit-il savoir. Dans un entretien-fleuve avec «La Tribune Afrique», Emmanuel Dupuy, président de l'Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE) avance que le président Emmanuel Macron a pris la «sage» décision d'indiquer au Maroc la position de la France, «posture qu'elle aurait dû prendre depuis fort longtemps», assurant que la riposte algérienne n'affectera pas Paris en raison «des contrats à honorer» et la faible dépendance de la France au gaz algérien, acheminé principalement vers l'Italie. Pour l'analyste, «la politique française au Maghreb, de manière régionale, n'existe plus. Il y a plutôt une relation diplomatique entre Paris et Rabat, Paris et Alger, Paris et Tunis, Paris et la Libye. Il n'y aura donc pas de détérioration particulière de la politique française au Maghreb, puisqu'elle n'existe tout simplement plus depuis plusieurs années», a-t-il soutenu. M. Dupuy mentionne également le fait que «le Maroc est un acteur déterminé dans le mix énergétique du continent africain et il réussit plutôt bien, puisqu'il est à 24 % de son énergie dépendant des énergies alternatives et ambitionne d'atteindre les 38 % à l'horizon de l'agenda 2030 des Nations unies et de l'agenda 2063 de l'Union africaine», dévoilant que la France a besoin du Maroc «pour développer des projets d'infrastructures pluri-décennaux, voire même séculaires.» Il cite, entre autres, «la mise en place de l'autoroute hydrogène qui va relier le nord et le sud du Maroc, et de facto l'Espagne (donc l'Europe) au nord et la Mauritanie au sud; le gazoduc entre le port en eau profonde de Lekki au Nigeria et le port de Tanger Med; Dakhla Atlantique 2028 pour essayer de désenclaver un certain nombre de pays qui ont besoin de développer ou de compléter leur échappatoire atlantique.» L'Algérie ne maîtrise le plus le dossier du Sahara L'Algérie a annoncé fin juillet le «retrait avec effet immédiat» de son ambassadeur en France, après l'annonce de la reconnaissance française de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, un «pas qu'aucun autre gouvernement français n'avait franchi avant», s'étrangle Alger. Pour M. Dupuy, «le dossier du Sahara va se résoudre et on en prend la direction. L'Algérie n'a absolument plus les moyens de convaincre les Etats africains de suivre sa position sur le Polisario et sur la reconnaissance de la Rasd (…) Le président Tebboune est un président affaibli. Les militaires algériens sont aux aguets», croit-il savoir. «L'Algérie a choisi une politique ou une orientation de soutien à la position russe avec comme partenaire l'Iran, marginalisant la diplomatie algérienne, la rendant moins compatible avec un certain nombre de pays africains par rapport à leur position plus radicalement hostile à un hégémonisme russe», détaille M. Dupuy, mettant en évidence le fait qu'il y a «dix-sept pays africains seulement qui soutiennent le caractère indépendant des territoires du Sahara occidental.» «Depuis cinq ou six ans, une bascule s'est opérée, faisant qu'il y a désormais cent pays qui reconnaissent la marocanité du Sahara. Les rapports de force se sont donc inversés. La position diplomatique marocaine est beaucoup plus habile, beaucoup plus agile. Elle a su créer des partenariats (…) La diplomatie du roi Mohammed VI a été une diplomatie qui ne s'est pas focalisée sur l'Afrique de l'Ouest, mais s'est également engagée en Afrique centrale, en Afrique australe et à l'égard des Etats insulaires africains, avec des logiques qui visent à fédérer un certain nombre de pays au-delà des postures diplomatiques», a-t-il argumenté.