Le scénario d'une victoire du Rassemblement national aux prochaines législatives en France met très mal à l'aise le régime algérien, qui rebat toutes ses cartes pour peser sur ce scrutin, dans une flagrante tentative d'ingérence dans les affaires d'un autre pays. Les articles des médias algériens trahissent la peur bleue qui s'empare actuellement des sphères de décision à l'idée de voir arriver au pouvoir des formations farouchement opposés aux privilèges offerts aux Algériens en France. C'est comme si quelqu'un s'apprête à ouvrir la boîte de Pandore. La France sait tout sur les secrets bien gardés des piliers du régime algérien, lesquels ont bénéficié jusque-là d'innombrables passe-droit de la part de l'ancienne puissance coloniale. Un traitement de faveur consacré et renforcé avec l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, à en croire les détracteurs de cet état de fait. Si Jordan Bardella, président du Rassemblement national, gagne les législatives, «les relations entre l'Algérie et la France seront revues de fond en comble (...) Emmanuel Macron, qui devra cohabiter avec l'extrême-droite, avant sa chute finale dans trois ans, aura du mal à maintenir un minimum vital dans les rapports tendus qui lient l'ancienne puissance coloniale à notre pays », écrit le médias Algérie Patriotique, porte-voix des tortionnaires de la décennie noire. De nombreuses voix françaises avaient mis en garde contre l'entrisme et le jeu double des Algériens. Leurs alertes sont tombées dans l'oreille d'un sourd. Le locataire de l'Elysée entretenait un espoir béat d'une réconciliation historique avec les profiteurs de la rente mémorielle de la guerre d'Algérie. «Le contentieux mémoriel ressurgira et pèsera de tout son poids dans toute discussion ou accord», glisse Algérie Patriotique, qui rappelle la présence de millions d'Algériens en France. S'agit-il d'une menace à peine dissimulée des anciens du DRS de provoquer une guerre civile sur le territoire en utilisant leur forte diaspora dans ce projet de déstabilisation ? Le Maroc en fond de toile Les agissements algériens ont commencé plus tôt que la campagne électorale. Quelques heures avant l'officialisation de l'alliance entre RN et Les Républicains, chef de file historique de la droite française, le recteur de la Grande mosquée de Paris s'est envolé à Alger pour y rencontrer le président Abdelmajid Tebboune. Une visite considérée comme une immixtion dans les affaires intérieures françaises. À l'issue de l'entrevue, Chemseddine Hafiz a, bien évidemment, appelé à faire barrage au Rassemblement national, dont l'arrivée au pouvoir donne des sueurs froides aux décideurs algériens. Il a également lancé un appel aux partis républicains dont «le devoir est de s'opposer fermement à l'extrême droite» et «de proposer une alternative claire et unifiée.» En voyant de près, les craintes des autorités algériennes ne sont pas vraiment motivées par la question de la mémoire et des privilèges donnés à leurs ressortissants, en vertu de l'accord de 1968 sur l'immigration conférant un statut particulier aux Algériens. Ce qui les fait vraiment courir, c'est la nature des liens que pourrait nouer le futur gouvernement français avec le Maroc. «Avec les LR, le parti dirigé par Jordan Bardella est aussi un adepte d'un rapprochement de la France avec le Maroc au détriment de l'Algérie», souligne le site d'information algérien TSA, réputé proche du régime. Voilà qui est clair. On comprend maintenant les raisons réelles de l'agitation d'El Mouradia. Et d'ajouter : «Tout en mettant progressivement de l'eau dans son vin concernant l'ensemble des thèmes qui font le débat politique en France, le Rassemblement national est resté sur une ligne dure s'agissant de la repentance et plus globalement de la relation avec Alger.» Selon cette logique, le régime algérien est plus préoccupé par la possible évolution de la position de la France sur la question du Sahara marocain que par la défense des droits de ses citoyens. Peu lui importe le durcissement de la politique migratoire par un gouvernement d'extrême droite, puisque c'est lui qui les a forcés à quitter le pays. La raison d'être de ce régime sclérosé est de nuire au Maroc et à ses intérêts. Cette fois-ci, ses manœuvres ne vont servir finalement à rien. Il ne reste plus à la France qu'un petit pas à franchir, après son soutien clair à l'initiative marocaine d'autonomie. Et les souverainistes chez les RN-LR connaissent parfaitement le sens vrai de la notion de souveraineté qe défend le Royame.