La candidate RN à l'élection présidentielle estime que des milliers de harkis ont été «sauvagement assassinés» après la date marquant la fin de la guerre. La candidate investie par Les Républicains s'est quant à elle engagée à trouver «une autre date». Les rapatriés contestent la référence aux accords d'Evian – signés le 18 mars 1962 et qui aboutirent à la mise en œuvre du cessez-le-feu le lendemain – pour commémorer la fin de la guerre d'Algérie (1954-1962) en raison des violences qui se poursuivirent jusqu'à l'indépendance de l'Algérie le 5 juillet 1962 et se conclurent par l'exode de centaines de milliers d'entre eux vers la France. L'Algérie «ne cesse de réclamer des actes de repentance» «Nous contestons depuis longtemps cette date choisie parce que cette date, qui a été imposée comme la fin de la guerre d'Algérie, n'a pas été la fin de la guerre d'Algérie, car il y a eu des dizaines de milliers de harkis qui ont été sauvagement assassinés», a déclaré sur France Inter la candidate à la présidentielle du Rassemblement national, ancien Front national, qui fut longtemps le refuge des partisans de l'Algérie française. «S'il s'agit de réconcilier les mémoires en se flagellant devant l'Algérie qui ne cesse de réclamer des actes de repentance, moi en ce qui me concerne ce sera non», a ajouté la candidate d'extrême droite, «sauf si l'Algérie demande elle-même pardon aux harkis sur la manière dont ils se sont comportés à leur égard». Pour Marine Le Pen, les harkis, ces Algériens ayant combattu dans l'armée française, «ont été particulièrement maltraités par le gouvernement de l'époque» et «on doit avoir à (leur) égard une très vive reconnaissance», ce sont «des gens qui ont choisi la France, qui sont français pas seulement par leur identité mais par le sang versé». Pécresse s'engage à trouver «une autre date» Valérie Pécresse s'est quant à elle engagée vendredi à trouver «une autre date» que le 19 mars pour commémorer la fin de la guerre d'Algérie, et a promis si elle était élue présidente d'engager «une forme de réconciliation» mémorielle sur le sujet. «À l'évidence, le 19 mars ne marque pas la fin du conflit algérien. 80% des victimes civiles sont tombées après les accords d'Evian», a-t-elle affirmé lors d'un déplacement à Nîmes, rappelant la fusillade de la Rue d'Isly à Alger le 26 mars 1962, ou le massacre d'Oran du 5 juillet 1962. «Si j'avais l'honneur de présider notre pays, je m'engage à trouver une autre date pour célébrer la mémoire de celles et ceux tombés en Algérie et en Afrique du Nord», a-t-elle ajouté lors d'un discours au sanctuaire Notre-Dame-de-Santa-Cruz. Evoquant «les blessures enfouies que cet anniversaire ravive chaque année», Valérie Pécresse a estimé qu'«on ne peut plus continuer à opposer la mémoire de ceux qui sont morts pour la France durant les combats d'Algérie et d'Afrique du Nord et le souvenir de ceux qui sont tombés ou qui ont disparu, dans des circonstances parfois atroces, après le cessez-le-feu». Si «ces huit années de guerre furent terribles» et «le système colonial était injuste», elle a assuré que «les Français d'Algérie et leurs enfants n'en sont pas coupables». Et «non, on ne doit pas, comme l'a fait Emmanuel Macron, les accuser d'un crime contre l'humanité qu'ils n'ont pas commis», a affirmé Valérie Pécresse. «Je veux engager une forme de réconciliation nationale, au travers de nos grands lieux de mémoire», a encore affirmé la candidate LR qui a averti: «la France ne doit pas être la seule à regarder lucidement son passé sans que l'Algérie fasse de même. Il faut être deux pour faire la paix des mémoires». Elle s'est engagée pour cela à poursuivre l'ouverture des archives militaires et administratives «car nous n'avons pas peur de la vérité». Mais «j'œuvrerai pour que l'Algérie en fasse de même», a-t-elle dit. Le président Emmanuel Macron doit présider une cérémonie samedi à l'Elysée pour le 60e anniversaire des accords d'Evian et du cessez-le-feu en Algérie avec un souci «d'apaisement» des mémoires et de «main tendue» à l'Algérie. «Le 19 mars est une étape sur ce chemin (de mémoire) mais ce n'en est pas le terme», a insisté la présidence. Le Parlement a par ailleurs définitivement adopté en février, par un ultime vote très large du Sénat, un projet de loi pour demander «pardon» aux harkis, qui ouvre la voie à une indemnisation pour certaines familles. Des maires de communes RN ou proches du RN ont débaptisé leurs rues «19 mars 1962».