Le Président français Emmanuel Macron a décidé, vendredi 21 septembre, d'honorer les Harkis, ces combattants algériens qui s'étaient alliés à la France durant la Guerre d'Algérie. Cette décision risque de mettre à mal les relations franco-algériennes. Le Président français qui s'est mobilisé pour rendre justice aux victimes de la Guerre d'Algérie (1954-1962), a fait un nouveau pas vers la « réconciliation » en honorant vendredi 21 septembre les combattants Harkis, mais ce geste a de fortes de chances de provoquer la colère d'Alger. Vingt-six anciens combattants harkis et des représentants d'associations de harkis ont été promus dans l'ordre de la légion d'honneur et du mérite pour les services rendus à la France sur décision d'Emmanuel Macron. Les Harkis, venant du mot « harka », sont les combattants algériens ayant rejoint le camp français durant la Guerre d'Algérie, aussi appelée guerre de libération. Du point de vue algérien, les Harkis sont perçus comme des traîtres, des Algériens ayant vendu leur âme au diable pour rejoindre le camp ennemi. De ce fait, leur décoration devrait poser problème pour l'Algérie comme cela a été le cas la dernière fois où ils ont été accueillis par Nicolas Sarkozy à l'Elysée en 2007 après une visite à Alger. Mais la France a besoin d'effacer sa dette envers les Harkis qui ont été, en majeur partie, abandonnés en Algérie par la France après la fin de la Guerre. L'ancien Président, François Hollande, avait reconnu en 2016 « les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines de ceux transférés en France ». En effet, après les accords d'Evian de 1962, la France a abandonné en Algérie entre 55 000 et 75 000 des presque 450 000 combattants Harkis ayant combattu dans les rangs français. Ils ont par la suite fait l'objet de représailles sanglantes de la part des Algériens. Ceux qui ont échappé à la vengeance des Algériens nationalistes ont été accueillis dans l'Hexagone, ils représentaient à l'époque entre 20 000 et 60 000, aujourd'hui leur communauté représente 500 000 personnes en France. Les Harkis restés en Algérie n'ont pas tous été tués, et pour cause une grande partie d'entre eux n'ont pas porté l'uniforme français de plein gré, ils y ont été contraints par la force et par la faim. « L'une des idées reçues c'est de croire que les Harkis se sont engagés dans l'armée française par amour du drapeau français, par amour de la France. Ce qui est complètement faux, c'est souvent contraints pas la misère ou par la violence même de la guerre qu'ils sont allé travailler pour l'armée française » avait déclaré en ce sens le journaliste Pierre Daum, spécialiste du passé colonial Français à TV5 Monde. Mais l'Algérie ne leur pardonne pas pour autant. L'Algérie qui avait commenté positivement mais simplement la reconnaissance, le 13 septembre dernier, de responsabilité de la France dans la mort et de la torture de Maurice Audin, un mathématicien français anticolonialiste engagé pour l'indépendance de l'Algérie, ne va sans doute pas apprécier ce nouvel élan vers les Harkis qu'Abdelaziz Bouteflika avait qualifié de « collaborateurs » en 2000 tout en excluant leur éventuel retour en Algérie. Abdelaziz Bouteflika avait estimé à l'époque que l'Algérie n'était « pas leur pays ». Les initiatives en faveur du règlement des différends liées à la Guerre florissent en France, surtout depuis que les associations de Harkis ayant apporté leur soutien au Président ont menacé début septembre de porter plainte pour crimes contre l'humanité devant les tribunaux internationaux. Un groupe de travail lancé à l'initiative d'Emmanuel Macron avait préconisé la création d'un « fond de réparation et de solidarité » de 40 millions d'euros pour les anciens combattants et leurs enfants, mais ce montant est dérisoire face à ce que réclament les associations de Harkis. Ces honneurs attribués aux 26 harkis et défenseurs de la cause Harkie interviennent à quelques jours du 25 septembre, la Journée nationale d'hommage aux harkis proclamée par Jacques Chirac en 2001.