«À petits pas, Paris et Rabat renouent depuis plusieurs mois», croient savoir Les Echos, le quotidien d'information économique des frères Servan-Schreiber, dans sa livraison du mardi 20 février. L'épouse du président français Brigitte Macron a accueilli, lundi 19 février à l'Elysée, les sœurs du roi Mohammed VI, a annoncé la présidence française. Un événement qui s'inscrit «dans la continuité des relations d'amitié historique entre la France et le Maroc», a indiqué le Château. Les indices positifs matérialisant le rapprochement entre Rabat et Paris ne manquent pas : les deux pays «affichent désormais leur volonté de tourner la page», le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné «a pris soin de le souligner à plusieurs reprises». Lors de sa dernière prise de parole, il a affirmé que «la volonté est là», que le lien avec le Maroc «a été repris.» Le ministre a même déploré «des incompréhensions qui ont amené à une difficulté», lors d'une audition à l'Assemblée nationale. Les Echos, eux, évoquent «une relation bilatérale brutalement mise à l'arrêt», rappelant que M. Séjourné «a été au cœur d'un épisode de crise quand le groupe parlementaire européen qu'il présidait, Renew, a déposé une résolution [antimarocaine]». D'autres épisodes antérieurs ont assombri le ciel des relations bilatérales : la «crise des visas que la France délivrait alors au compte-gouttes», et un tropisme algérien qui ne bénéficie en rien à Paris. Regain politique et diplomatique Les tensions étaient d'une telle gravité que «les officiels marocains ont cessé d'échanger avec leurs homologues français à tous les niveaux». Samira Sitaïl , successeur de Mohamed Benchaâboun, a récemment échangé avec le président Emmanuel Macron. Le séisme du 8 septembre 2023 a-t-il constitué le déclic ? «Le sommet de la crise a été atteint lorsque le Maroc n'a pas donné suite aux propositions d'aide de la France. L'épisode, paradoxalement, semble avoir servi de prise de conscience de la gravité de la crise entre deux partenaires aux nombreux sujets de coopération – économique, sécuritaire, migratoire, éducative... La machine diplomatique a redémarré peu après», confesse Les Echos. Fin septembre, Christophe Lecourtier a remis ses lettres de créance au roi Mohammed VI. Les officiels français assistent aux événements internationaux abrités par le Maroc. «Depuis, la relation bilatérale reprend, doucement, prudemment. Il faut d'abord réparer la dimension affective. L'ambassadeur français a ainsi fait acte de repentance dans les médias après une visite à Guelmim, considérée comme la porte du Sahara [occidental]. D'autres visites bilatérales devront suivre avant d'espérer l'organisation, enfin, d'une visite d'Etat d'Emmanuel Macron au Maroc, maintes fois reportée depuis la crise sanitaire», remarque le journal.