Une récente résolution du Parlement européen contre le Maroc «n'engage pas la France», selon son ambassadeur au Maroc, alors que Paris est accusé d'avoir orchestré une campagne antimarocaine à Bruxelles. «La résolution du Parlement européen n'engage aucunement la France», affirme Christophe Lecourtier dans une interview, après que ce vote a déclenché un coup de froid entre Rabat et Paris. «Nous, on est comptables des décisions des autorités françaises, le Parlement européen est loin de notre autorité, ce sont des personnalités qui ont été élues», explique le diplomate qui vient de prendre ses fonctions fin décembre. «Le gouvernement français ne peut pas être tenu pour responsable des eurodéputés», insiste Lecourtier. Le texte des eurodéputés –non contraignant– cite le Maroc dans le scandale de corruption qui ébranle le Parlement européen depuis décembre et mentionne des affaires pénales déjà jugées. Un parlementaire, Lahcen Haddad, a dénoncé «l'Etat profond français» selon lui à l'origine de la résolution, regrettant qu'«un proche de la présidence française», Stéphane Séjourné, chef du groupe centriste Renaissance (Renew) à Bruxelles, en ait été «l'un des architectes». Paris a réfuté jusqu'à présent l'existence de toute crise avec Rabat, même si la perspective annoncée d'une visite d'Etat du président Emmanuel Macron dans le royaume chérifien paraît s'éloigner. Au-delà du vote des députés européens, il est reproché à la France de traîner des pieds sur la question du Sahara contrairement aux Etats-Unis et à l'Espagne qui ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire. En outre, le rapprochement récent entre la France et l'Algérie, est condamné au Maroc comme purement utilitaire, Paris étant confrontée à une crise énergétique liée à la guerre en Ukraine.